Sortie ‘public’ du
président Tebboune, entre stratégie politique & ragots médiatiques
La sortie médiatique du président
Tebboune qui l’a mené sur le terrain pour inspecter, voir, apporter un soutien
aux professionnels de la santé, s'apparente plus a une action politique qu’autre chose à
l’heure du confinement.
Les Algériens ont pu constater un
président en pleine action politique visant à prendre en charge en personne une
situation catastrophique du système sanitaire du pays. Le président, à travers
cette sortie sur le terrain vise, à mon humble avis, à inverser une situation que
tous les anciens responsables de la tutelle sous l’ère Bouteflika ont ignoré,
ou dirais-je, causé le pourrissement de façon scientifique et méthodologique.
Bien que cette sortie médiatique fût
saluée par certains, décriée par d’autres, n’empêche que cette visite sur le
terrain suscite des interrogations et soulève des questions considérant le
timing de cette visite. En effet, comment interpréter cette sortie le jour même
de l’annonce du limogeage du puissant patron du
D.G.S.I
et son remplacement par une chef intérimaire, - les mandats intérimaires ou
facultatifs au sein du hauts commandements de la grande muette restent une
autre énigme à élucider. En effet, comment interpréter les nominations a titre temporaire des hauts grades de l’armée dans des postes aussi sensibles que l’état major, les services de sécurités de l’armée, ...etc. Quelle interprétation donner au statut de l'actuel chef de l’état major par "intérim" alors qu'il est parmi deux autres éléments les seuls éligibles au su de leur grade 7 autres fonctions respectifs ce qui les met de facto en position pour prendre le poste en question de façon définitive?
Le plus étonnant dans cette journée de Lundi est sans conteste le traitement
médiatique réservé a cet événement qui fut relégué au deuxième plan, - à peine une deux lignes dans le fil
d’actualité de certaines chaines de télévisions spécialisées. On reviendra sur
le traitement de cette information par certaines chaines un peu plus loin dans
cet essai.
La chaîne publique diffusa l’information
concernant la nomination
d’un nouveau patron par intérim de la sécurité intérieur
sans pour autant préciser le sort de son, désormais, prédécesseur comme à l’habitude
en évoquant la fameuse formule « …appelé à d’autres ou à de nouvelles
missions… », ce qui laisse le doute planer sur les échos concernant l’incident,
armée selon certains organes, au moment de la passation de consignes. L’interrogation
qui persiste est le silence latent des plus hautes instances sur les
informations relayées par certains mass-médias sur un prétendu accrochage entre
les troupes du général Bouazza et ceux du nouveau patron de ce service au moment
de la prise de fonction du premier, puis l’arrestation du général limogé et de ses subordonnés.
En essayant de décrypter le discours
que le président a délivré aux professionnels de la santé au niveau de l’hôpital
de Beni Messous, on peut aisément conclure que le président semble faire face à
l’éternel problème de la communication : De l’aveu du président qui est
revenu sur une mauvaise estimation de certaines données au début de la crise,
il semble bien évident que le président ait reçu des rapports erronés sur la
situation et sur les moyens disponibles pour y faire face. Bien que Monsieur
Tebboune ait voulu prendre sur lui la responsabilité, il a aussi envoyé des
messages à peine voilés sur la défaillance de la communication entre services d’une
même tutelle.
Le président Tebboune a même mit
le blâme sur un ministère important qui, selon lui, en 2020 et malgré les moyens dépensés utilise toujours l’archive classique à l’heure
du numérique et du « Cloud », et autres moyens de communication
virtuels, allant jusqu’à déclarer ouvertement que ce genre de procédés ne peut
que couvrir des malversations quand on sait qu’avec l’informatisation des administrations,
tous les livres de comptes, les dossiers de gestion, les chiffres seront
disponibles pour tous en toute transparence. Les Algériens sont dans leur bon droit
de se poser des questions sur cette sortie quand on sait que les ministres du
gouvernements Djerrad ont été, du moins certains d’entre eux, sur le terrain dès
les premiers jours de la pandémie, chose a saluer peut importe ce que certains peuvent en penser. Pourquoi alors cette sortie subite et en
personne du président?
Ce que l’on retiendra en premier
lieu est les engagements de façon solennelles du président envers les
professionnels de la santé d’assoir à des demandes qui représentent
des revendications d’une partie du mouvement du 22 Février. Régler le problème
des salaires, du service civil des résidents, et surtout la création d’une
instance pour la planification et l’analyse des problèmes du secteur est en
quelque sorte un retour, ce que j’ai toujours prôné, vers la réactivation d’une
instance similaire au ministère de la planification du temps de Belaid Abdessalam.
Devrons-nous conclure que le président vient de prendre un pas politique sur
fond de pandémie pour régler un des innombrables problèmes politiques dont il faisait
face depuis son investiture, et ipso-facto balayer d’un revers de la main un
des problèmes que ces détracteurs lui tiennent rigueur.
Certains disent que l'actuel président est le produit du système qui mit le pays à genoux, et que, à défaut, d'être responsable directe de la faillite du pays, il ne peut qu’être partie prenante de cette situation catastrophique. Ce que je ne cautionne pas par contre c'est d’être sure de ses intentions à l'heure actuelle.

Il serait fort intéressant de
jeter un regard critique sur le traitement médiatique de tout événement
politique en Algérie. Depuis la chute programmée des Bouteflika, on constate
une nouvelle distribution des rôles entre les différents organes privés :
Il me semble que la sphère médiatique, désormais, se divise en trois catégories
distinctes : La première catégorie qui fut la tribune de
propagande du clan Bouteflika qui essaye de monnayer ses services aux nouveaux
hommes forts du moment. La deuxième catégorie qui s’est aligné aux cotés du candidat
Tebboune en lui servant de tribune pour sa campagne électorale, et qui fut même
l’un de ses rares allié durant sa mise au placard juste après son éviction à la
tête du gouvernement à peine trois mois après son intronisation comme homme
providentiel censé représenter un renouveau,- une nouvelle ère politique, mais
surtout le l’élu pour reprendre le pouvoir d’entre les mains des oligarques dont
la puissance ne cessait d’étouffer le pouvoir politique. Cette catégorie se
distingue par ses positions biaisées en faveur de toute action émanant des
nouveaux hommes forts du moments.

On a même vu et entendu des reportages et
analyses qui frisent le racolage médiatique tellement la réalité fut déformée
ostensiblement. La chaîne en question, El Hayat pour ne pas la nommer, est devenue
une référence en la matière. Bien que le patron essaye tout le temps de
canaliser son vis-à-vis de l’émission « Politique » en le recadrant
sur certains sujets. Le dernier en date est la décision de la Cours Suprême de
ne pas pouvoir juger les ministres Tou, Djjoudhi, et Azmi pour cause de manque
de preuves probantes à charge, et la manière dont Monsieur Abdelwahab essaya de
formuler cette décision comme une décision de non culpabilité, alors que les
novices vous diront que le manque de preuves dans une affaire ne disculpe pas
le prévenu, mais fait qu’on ne peut prouver sa culpabilité,- ce qui fait toute
la différence.
La troisième catégorie est cette
presse dont le fond de commerce reste l’opposition même en ces temps de
pandémie durant lesquels toute considération politique et idéologique doit être
mise de cote pour faire preuve d’unité pour le salut de tous.

J’ai suivi une émission sur la
nouvelle chaîne «
Aures »
ou j’ai pu mesurer à quel point certains « journalistes » semblent
avoir une haine viscérale envers ce pays.
Certains journalistes ont excellé dans la désinformation
des propos des uns et des autres. Pour que l’on soit clairs : Je ne suis
pas l’avocat du président de la république, et je ne roule pour aucune
personnalité politique, et je suis sans aucune affiliation politique ou idéologique,
mais je trouve injuste que des journalistes travestissent les propos du
président pour servir des agendas politiques précis; On a vu que le journaliste
orientait les débats jusqu’à influencer les invités de façon à les canaliser et
les ajuster sur la ligne éditoriale de cette chaîne comme ce fut le cas avec
Cheikh Ali Belhadj qui sous l’influence de Monsieur Athmane passa à coté du
sujet du jour, à savoir le COVID-19 en Algérie, pour sombrer dans des diatribes
politiques concernant l’élection, le taux de vote, la légitimité du président
et du gouvernement. Je fus déçu de constater qu’au moment ou de simples
citoyens perdent la vie en Algérie, et dans le monde, cette chaîne ne s’intéresse
qu’aux enjeux politiques en incitant les Algériens à ne pas laisser de côté le « Hirak »,
- ce qui peut être dangereux pour cette jeunesse. Certes, nul ne peut nier le
fait que le pays en général, et le système de santé en particulier est dans un
piteux état, mais on ne doit imputer l’état actuel à l’exécutif actuel, ni
réduire à néant les efforts avec les moyens de bord pour limiter les dégâts.
Cette pandémie n’a apporté rien
de nouveau que l’Algérien moyen ne connaisse, en revanche elle a dévoilé le
degré de pourrissement de la situation, lègue de l’ère Bouteflika qui laissa les
reines du pays a des véreux qui partagèrent la manne pétrolière entre des opérateurs
économiques malhonnêtes en contre partie de leur pourcentage au lieu d’investir
dans des structures sanitaires de base, dans l’enseignement, et pour rebâtir l’économie.
Pour conclure, chaque Algérien
doit être vigilent quant au traitement de l’information par les chaines dites spécialisées
car l’heure est à l’union et a la solidarité plus qu’autre chose vu qu'il y va de
l’existence d’un pays.
Salah Eddine Chenini