mercredi 15 avril 2020



Sortie ‘public’ du président Tebboune, entre stratégie politique & ragots médiatiques

La sortie médiatique du président Tebboune qui l’a mené sur le terrain pour inspecter, voir, apporter un soutien aux professionnels de la santé, s'apparente plus a une action politique qu’autre chose à l’heure du confinement.

Les Algériens ont pu constater un président en pleine action politique visant à prendre en charge en personne une situation catastrophique du système sanitaire du pays. Le président, à travers cette sortie sur le terrain vise, à mon humble avis, à inverser une situation que tous les anciens responsables de la tutelle sous l’ère Bouteflika ont ignoré, ou dirais-je, causé le pourrissement de façon scientifique et méthodologique.



Bien que cette sortie médiatique fût saluée par certains, décriée par d’autres, n’empêche que cette visite sur le terrain suscite des interrogations et soulève des questions considérant le timing de cette visite. En effet, comment interpréter cette sortie le jour même de l’annonce du limogeage du puissant patron du D.G.S.I et son remplacement par une chef intérimaire, - les mandats intérimaires ou facultatifs au sein du hauts commandements de la grande muette restent une autre énigme à élucider. En effet, comment interpréter les nominations a titre temporaire des hauts grades de l’armée dans des postes aussi sensibles que l’état major, les services de sécurités de l’armée, ...etc. Quelle interprétation donner au statut de l'actuel chef de l’état major par "intérim" alors qu'il est parmi deux autres éléments les seuls éligibles au su de leur grade 7 autres fonctions respectifs ce qui les met de facto en position pour prendre le poste en question de façon définitive?
Le plus étonnant dans cette journée de Lundi est sans conteste le traitement médiatique réservé a cet événement qui fut relégué au deuxième plan, - à peine une deux lignes dans le fil d’actualité de certaines chaines de télévisions spécialisées. On reviendra sur le traitement de cette information par certaines chaines un peu plus loin dans cet essai.

La chaîne publique diffusa l’information concernant la nomination  
d’un nouveau patron par intérim de la sécurité intérieur sans pour autant préciser le sort de son, désormais, prédécesseur comme à l’habitude en évoquant la fameuse formule « …appelé à d’autres ou à de nouvelles missions… », ce qui laisse le doute planer sur les échos concernant l’incident, armée selon certains organes, au moment de la passation de consignes. L’interrogation qui persiste est le silence latent des plus hautes instances sur les informations relayées par certains mass-médias sur un prétendu accrochage entre les troupes du général Bouazza et ceux du nouveau patron de ce service au moment de la prise de fonction du premier, puis l’arrestation du général limogé et de ses subordonnés.

En essayant de décrypter le discours que le président a délivré aux professionnels de la santé au niveau de l’hôpital de Beni Messous, on peut aisément conclure que le président semble faire face à l’éternel problème de la communication : De l’aveu du président qui est revenu sur une mauvaise estimation de certaines données au début de la crise, il semble bien évident que le président ait reçu des rapports erronés sur la situation et sur les moyens disponibles pour y faire face. Bien que Monsieur Tebboune ait voulu prendre sur lui la responsabilité, il a aussi envoyé des messages à peine voilés sur la défaillance de la communication entre services d’une même tutelle.

Le président Tebboune a même mit le blâme sur un ministère important qui, selon lui, en 2020 et malgré les moyens dépensés utilise toujours l’archive classique à l’heure du numérique et du « Cloud », et autres moyens de communication virtuels, allant jusqu’à déclarer ouvertement que ce genre de procédés ne peut que couvrir des malversations quand on sait qu’avec l’informatisation des administrations, tous les livres de comptes, les dossiers de gestion, les chiffres seront disponibles pour tous en toute transparence. Les Algériens sont dans leur bon droit de se poser des questions sur cette sortie quand on sait que les ministres du gouvernements Djerrad ont été, du moins certains d’entre eux, sur le terrain dès les premiers jours de la pandémie, chose a saluer peut importe ce que certains peuvent en penser. Pourquoi alors cette sortie subite et en personne du président?

Ce que l’on retiendra en premier lieu est les engagements de façon solennelles du président envers les professionnels de la santé d’assoir à des demandes qui représentent des revendications d’une partie du mouvement du 22 Février. Régler le problème des salaires, du service civil des résidents, et surtout la création d’une instance pour la planification et l’analyse des problèmes du secteur est en quelque sorte un retour, ce que j’ai toujours prôné, vers la réactivation d’une instance similaire au ministère de la planification du temps de Belaid Abdessalam. Devrons-nous conclure que le président vient de prendre un pas politique sur fond de pandémie pour régler un des innombrables problèmes politiques dont il faisait face depuis son investiture, et ipso-facto balayer d’un revers de la main un des problèmes que ces détracteurs lui tiennent rigueur.

Certains disent que l'actuel président est le produit du système qui mit le pays à genoux, et que,  à défaut, d'être responsable directe de la faillite du pays, il ne peut qu’être partie prenante de cette situation catastrophique. Ce que je ne cautionne pas par contre c'est d’être sure de ses intentions à l'heure actuelle.  

Il serait fort intéressant de jeter un regard critique sur le traitement médiatique de tout événement politique en Algérie. Depuis la chute programmée des Bouteflika, on constate une nouvelle distribution des rôles entre les différents organes privés : Il me semble que la sphère médiatique, désormais, se divise en trois catégories distinctes :   La première catégorie qui fut la tribune de propagande du clan Bouteflika qui essaye de monnayer ses services aux nouveaux hommes forts du moment. La deuxième catégorie qui s’est aligné aux cotés du candidat Tebboune en lui servant de tribune pour sa campagne électorale, et qui fut même l’un de ses rares allié durant sa mise au placard juste après son éviction à la tête du gouvernement à peine trois mois après son intronisation comme homme providentiel censé représenter un renouveau,- une nouvelle ère politique, mais surtout le l’élu pour reprendre le pouvoir d’entre les mains des oligarques dont la puissance ne cessait d’étouffer le pouvoir politique. Cette catégorie se distingue par ses positions biaisées en faveur de toute action émanant des nouveaux hommes forts du moments.

On a même vu et entendu des reportages et analyses qui frisent le racolage médiatique tellement la réalité fut déformée ostensiblement. La chaîne en question, El Hayat pour ne pas la nommer, est devenue une référence en la matière. Bien que le patron essaye tout le temps de canaliser son vis-à-vis de l’émission « Politique » en le recadrant sur certains sujets. Le dernier en date est la décision de la Cours Suprême de ne pas pouvoir juger les ministres Tou, Djjoudhi, et Azmi pour cause de manque de preuves probantes à charge, et la manière dont Monsieur Abdelwahab essaya de formuler cette décision comme une décision de non culpabilité, alors que les novices vous diront que le manque de preuves dans une affaire ne disculpe pas le prévenu, mais fait qu’on ne peut prouver sa culpabilité,- ce qui fait toute la différence.

La troisième catégorie est cette presse dont le fond de commerce reste l’opposition même en ces temps de pandémie durant lesquels toute considération politique et idéologique doit être mise de cote pour faire preuve d’unité pour le salut de tous.

J’ai suivi une émission sur la nouvelle chaîne « Aures » ou j’ai pu mesurer à quel point certains « journalistes » semblent avoir une haine viscérale envers ce pays.  Certains journalistes ont excellé dans la désinformation des propos des uns et des autres. Pour que l’on soit clairs : Je ne suis pas l’avocat du président de la république, et je ne roule pour aucune personnalité politique, et je suis sans aucune affiliation politique ou idéologique, mais je trouve injuste que des journalistes travestissent les propos du président pour servir des agendas politiques précis; On a vu que le journaliste orientait les débats jusqu’à influencer les invités de façon à les canaliser et les ajuster sur la ligne éditoriale de cette chaîne comme ce fut le cas avec Cheikh Ali Belhadj qui sous l’influence de Monsieur Athmane passa à coté du sujet du jour, à savoir le COVID-19 en Algérie, pour sombrer dans des diatribes politiques concernant l’élection, le taux de vote, la légitimité du président et du gouvernement. Je fus déçu de constater qu’au moment ou de simples citoyens perdent la vie en Algérie, et dans le monde, cette chaîne ne s’intéresse qu’aux enjeux politiques en incitant les Algériens à ne pas laisser de côté le « Hirak », - ce qui peut être dangereux pour cette jeunesse. Certes, nul ne peut nier le fait que le pays en général, et le système de santé en particulier est dans un piteux état, mais on ne doit imputer l’état actuel à l’exécutif actuel, ni réduire à néant les efforts avec les moyens de bord pour limiter les dégâts.

Cette pandémie n’a apporté rien de nouveau que l’Algérien moyen ne connaisse, en revanche elle a dévoilé le degré de pourrissement de la situation, lègue de l’ère Bouteflika qui laissa les reines du pays a des véreux qui partagèrent la manne pétrolière entre des opérateurs économiques malhonnêtes en contre partie de leur pourcentage au lieu d’investir dans des structures sanitaires de base, dans l’enseignement, et pour rebâtir l’économie.

Pour conclure, chaque Algérien doit être vigilent quant au traitement de l’information par les chaines dites spécialisées car l’heure est à l’union et a la solidarité plus qu’autre chose vu qu'il y va de l’existence d’un pays.

Salah Eddine Chenini





2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Salut,

      Merci...Je vous invite a laisser vos commentaires, critiques, et vous êtes le ou la bienvenu(e) pour toute contribution sur ce blog.
      Amicalement

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