mardi 21 avril 2020



Éternel problème de la communication

C’est le genre de déclarations qui fait que cette satanée confiance entre gouvernants et gouvernés ne sera jamais recouvrée. Ce type de déclarations, censées réconforter la population, est une forme de mépris et déconsidération de l’intelligence des administrés.
Le porte-parole de la présidence nous apprend que malgré la chute vertigineuse du coût du baril de pétrole, la première source de revenus en devise étrangère du pays en passant, l’Algérie a le contrôle de la situation. Mais en prenant une minute de réflexion et d’observation, on se rend compte de la supercherie et du truchement du message.

Le porte-parole fait référence a la situation en employant le terme << crise financière>> , et non pas <<situation financière>> , ce qui est en soi toute une nuance ; Déclarer que le pays maîtrise une crise est un aveu que ce dernier est déjà rentré dans une phase de crise,- chose prévisible avant même l’avènement de la pandémie de la COVID-19 considérant le lègue de la gestion catastrophique des finance en particulier et de l’économie en général de Bouteflika et de ses exécutants tels les Ouyehia et Sellal.

La pandémie a joué le rôle d’un accélérateur de feu dans le sens où elle a précipité l’échéance d’une décadence financière prévue initialement, d’après les experts et observateurs, à l’horizon de 2021-2022. Certes, nul ne peut imputer cette situation au nouveau président, et encore moins a son gouvernement vu qu’ils ont hérité une situation des plus catastrophiques sur le plan, mais les déclarations de ce type doivent être plus responsables : Le peuple en a marre des tournures linguistiques a travers lesquelles certains veulent noyer le poisson pour se donner un quitus.

Personnellement, j’aurais souhaité que Monsieur le porte-parole nous éclaire sur cette maîtrise de la << crise>> alors que l’état, selon les déclarations du premier magistrat du pays, vient de recevoir non pas un prêt mais deux, même si les prêts en question sont, toujours selon ces déclarations sans intérêts, de la Banque Mondiale, et le deuxième du F.M.I,- ce qui revient a dire que le pays, malgré les affirmations des uns et des autres a peine quelques mois auparavant de ne pas recourir a l’endettement extérieur. Les différents paliers des différents pouvoirs doivent, impérativement, accorder leurs violons le plus tôt possible car à ce stade ça devient une aberration que d’entendre le président déclarer que le pays a eu « droit » a deux prêts sans intérêts, alors que le porte-parole du même président vient contre dire le premier magistrat du pays.

Le porte-parole, dans son point de presse qui reste une bonne initiative dans la forme, passe en revue l’élan de solidarité du peuple en évoquant quelques chiffres comme la récolte des 230 milliards de D.A et le 1 million de USD. En contrepartie il adopte un silence radio sur la décision de réduire à raison de 30 % le budget de fonctionnement. Il faut rappeler que déjà à la fin de 2019, les pouvoirs publics ont décidé d’adopter un budget à 64,3 milliards $ pour l’année 2020, ce qui représentait une baisse de 9,2% par rapport au budget de l’année 2019.

Avec ce constat, le déficit budgétaire qui était de l’ordre de 6,9 % du PIB à la fin de 2019, les pouvoirs publics tablaient sur une prévision d’un déficit à moins de 7,2% du PIB a cause, entre autres, d’une baisse prévue, déjà à ce moment, des recettes qui s’élevait à 56,1 milliards $ en déclin aux alentours de 51,7 milliards $ en 2020.

La question que tout le monde se pose en ce moment est comment les décideurs vont faire face a ce changement de donnée pour boucler le budget de 2020, et surtout comment vont-ils s’y prendre pour honorer les promesses faites aux personnels de la santé en ce qui a attrait aux augmentations salariales et autres primes, - pour ne citer que ce secteur.

Bien qu’il soit bien évident que l’état essaye par tous les moyens en s possession de faire de son mieux, il reste le problème de la communication qui fait défaut a certains haut commis de l’état. Cette habitude de jouer sur les mots pour ne pas affoler les masses est plus perçue par les nouvelles générations comme étant une insulte a leur intelligence qu’a un moyen de réconforter et rassurer le peuple.

Une chose est sure : Ou bien le porte-parole ne suit pas les déclarations de son président ce qui le pousse à faire des déclarations, en somme, contradictoires, ou bien il n’arrive pas à mesurer la portée des mots et l’importance du verbe dans le discours politique et officiel. Dans les deux cas, il faudrait que quelqu’un a leur niveau se penche sérieusement sur l’épineux problème de la communication qui mine tout travail de sape de la présidence. Le peuple en a plus que marre des formules pompeuses, de la langue de bois, de la politique politicienne : Le peuple voudrait que ses administrateurs le traitent avec respect en toute transparence, et surtout arrêtent de le traiter avec ce paternalisme, - héritage des différents gouvernants depuis l’indépendance.

Le peuple dans son ensemble est assez conscient de la situation actuelle sur le plan économique et financier. Il est aussi assez lucide pour déterminer les responsabilités des uns et des autres. Tout dont le peuple souhaite c’est un nouveau départ en ce qui concerne le respect dont il a droit par ses hommes politiques de tous bords, - d’ailleurs. Le jour on aura atteint ce cap, les gouvernants auront derrière eux un bloc solide et unis peu importe les difficultés et peu importe les défis.

Pour conclure, je voulais aussi revenir sur le projet de lois du ministre de la justice qui porte sur l'incrimination des publications a caractères haineux et injurieux. Ce projet de lois comporte de multiples volets dont le traitement pour les publications ou reprise de publications erronées sur les réseaux sociaux. Bien que le projet de lois dans son premier volet semble louable, il me semble que certains magistrats ont déjà affiché la couleur. En effet, les observateurs se sont étonné de la déclaration du représentant syndical des magistrats a travers laquelle il a annoncé que ce genre méfaits devraient être du ressort du pénal, et que la sanction doit être la peine capitale.

Ce type de déclarations nous renvoie, au-delà des objectifs fonciers du projet de lois, a la problématique de l’interprétation des lois et de leur application d'un parquet a un autre, et surtout au problème de l’excès de zèle de certains. Ce genre de déclaration a l'aube d'un projet de lois est irresponsable, et mine toute entreprise louable soit-elle du Garde des Sceaux. Maintenant, j’espère que les députés vont prendre très au sérieux l'article qui risque de nuire a la liberté d'expression en abrogeant tout ce qui peut réduire au silence le citoyen sous couvert de sauvegarde de l’intérêt de la nation.  Tout Algérien digne de ce nom, tout patriote est conscient des enjeux, mais on ne doit pas brimer les libertés individuelles dont la liberté d'expression, chèrement acquise au prix du sang par les martyres d’Octobre 88,  pour servir des agendas politiques. 


Salah Eddine Chenini

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