samedi 27 juin 2020




Bouteflika ou l'homme "providentiel" qui acheva l'Algérie


Dès 1999, bon nombre d’Algériens furent sous le choc de revoir Bouteflika sortir de sa retraite forcée pour revenir aux affaires du pays. Certains ont dénoncé, d’autres ont sonné l’alarme sur le danger que pouvait représenter cet homme sur l’avenir du pays, ce qui leur a couté carrière, argent, et liberté même. A l’instar de milliers de mes concitoyens, je n’ai, alors, et en toute humilité, tout en me m'attirant des problèmes, cessé de dire que cet homme est la pire des alternatives qui pouvait se présenter à un pays au bord de l’effondrement.

Je fus et je serai convaincu qu'il est revenu à la politique et aux affaires dans un contexte des plus chaotique sur le plan sécuritaire et économique pour prendre sa revanche sur l'histoire; accepter la responsabilité d’un pays meurtri par la horde sanguinaire islamiste à un moment ou personne n’osait parier sur son avenir donne une indication sur le personnage : Pour les uns, c’est le courage d’un patriote, alors que pour les autres ce n’est rien qu’un acte d’un homme téméraire et aventuriste. Certains pensent que le président Zeroual n'a pas respecté ses engagements et lui a ouvert grandes les portes de la maison Algérie. Zeroual fut poignardé dans le dos pour une bande de généraux qui n'ont pas accepté son plan réconciliation nationale qui excluait tous ceux qui ont pu commettre des crimes de sang ou des crimes d'honneur. Pendant que ces derniers se courbaient devant sa personne, ils concluaient des accords secrets avec les sanguinaires de l'A.I.S et du G.I.A. Une fois le pot au fleurs découvert, l'homme de Batna a préféré se retirer en homme libre du joug du rangers.

Le discours en question remonte à son premier mandat période charnière durant laquelle Bouteflika en vieux briscard e la politique adopta un profil bas pour tâter le terrain pour découvrir la nouvelle réalité de l’échiquier politique 20 ans après avoir été éjecté comme un malfrat, référence au jugement de la Cour des Comptes dans l’affaire des détournements de deniers publics pendant son passage comme chef de la diplomatie Algérienne, par ses anciens acolytes. Bouteflika fut parmi les hommes politiques que le seigneur leur a donné une intelligence hors norme, - chose que ne peut lui enlever, mais il était doté d’un narcissisme chronique et d’un machiavélisme hors pair. Bouteflika n’a jamais porté l’Algérie et encore loin les Algériens dans son cœur car il fait partie de cette génération d’Algériens qui à un certain moment ou le fait d’avoir la moindre petite instruction faisait de toi une exception. Le fait d’avoir eu la chance de figurer parmi ceux qui ont prit part è la révolution, dans ce cas ce fut des vacances et autres escapades chez sa maitresse dans le Royaume Chérifien, leur confère, d’après eux, un droit divin sur l’Algérie et les Algériens. Un homme dont la loyauté à son menteur et protecteur, et l’adhésion à ses idées dont la conviction de l’impossibilité d’instaurer la démocratie et le multipartisme à un peuple de berger ne pouvait respecter ce peuple car il se croyait au-dessus de ce dernier. Lui et sa génération ont un sentiment viscéral que le peuple Algérien ne peut sortir de son statut de mineur et surtout, ne peut se libérer de son image d’indigène. Dès le début, il était évident qu’il ne pouvait incarner le changement, le renouveau car on ne peut faire du nouveau avec du vieux. Cet homme est le mal personnifié sinon comment expliquer qu’il ait pu dire du mal de feu Chadli Bendjedid, après sa mort, alors que c’est ce dernier qui lui évité la prison sous certaines conditions qu’il n’a même pas respecté.

Bouteflika a instauré un système à l’opposé de tout ce qu’il a pu dire lors de ce discours; il a adopté le même stratagème que feu Hassan II du Maroc qui de son vivant nommait sciemment des ministres qu’il savait corrompus pour s’assurait de leur allégeance et loyauté inconditionnelle,- propos rapporté par Gilles Perrault, dans son livre « Notre ami le roi », édition Gallimard, 1990. La preuve a été faite lors du procès de Sellal quand il déclara qu’il ne pouvait démissionner car il se savait embourbé dans une multitude d’affaires de corruption qui faisait qu’il s’est rendu au stade d’esclave à la merci du prince. Il a favorisé la corruption, le népotisme, le clientélisme, et a constitutionalisé la rapine pour servir sa personne à travers la réinvention du culte de la personnalité : On se rappelle cette déclaration à un journaliste de TV5 ou il déclara je cite : « …Je suis l’Algérie tout entière…Je suis l’émanation de cette Algérie…L’Algérie c’est moi, et je suis L’Algérie… », - fin de citation. Le document audio-visuel est disponible sur YouTube.

Bouteflika aura sur la conscience le sort de l’Algérie et l’avenir des générations à venir car il avait les capacités intellectuelles, le savoir et l’expérience politique, et une manne pétrolière qui pouvait faire sortir l’Algérie de son marasme économiques, mais surtout et avant tout il connaissait parfaitement la situation de la maison Algérie dont une correction historique devait être faite. Il pouvait et savait qu’il fallait entreprendre des changements structurels sur le plan politique, économique, et bancaire, mais il a préféré adopter les mêmes pratiques que son mentor en s’adjugeant tous les pouvoirs en régnant en maitre absolu en s’entourant d’hommes et de femmes dont la seule tache consistait à glorifier sa personne. Il y répondra devant son créateur, - enfin je l’espère du moins!
Salah Eddine Chenini


mercredi 24 juin 2020




Les chacals de la politique ont la peau dure et l’audace tenace !




Je suis sans voix en constatant le retour sur la scène politique certaines figures qui ont non seulement cautionné Bouteflika, l'impotent, et sa politique qui a mené le pays vers le chaos, mais qui se sont battus sur les plateaux de télévision pour promouvoir un 5 eme mandat de la honte,- traitant tous les opposants et les foules du Hirak de tous les maux. 

Cet énergumène s'est terré comme un rat avant l'avénement de la COVID-19, que la majorité des politiciens en Algérie considérent comme une bénédiction, pour ne pas s'attirer les foudres des masses qui envahissaient les rues chaque vendredi exigeant le départ à jamais d'une classe de personnes dont il est une des figures. 

Maintenant que la voie est libre, il refait surface comme s'il était amnésique. Il prône, en bon samaritain, d’étendre la consultation de la révision de la constitution aux différentes couches de la société lui qui durant le règne de Bouteflika, ministre dans le gouvernement de deux chefs présentement en prison, n'a cessé de dénigrer et de réduire ce peuple en le traitant d’analphabète...

En fin de compte, feu Moufdi Zakaria n'avait pas tort en disant que l'Algérie était bel et bien le pays des miracles!

Salah Eddine Chenini







Ouyehia :  Entre l’enterrement d’un brave, et l’humiliation d’un crack !





Aujourd’hui fut conduit à sa dernière demeure Maitre Laïfa Ouyehia dans un climat le peu que l’on puisse dire pernicieux. L’enterrement se passa dans une cacophonie totale marquée par une cohue indescriptible ou s’est mêlé badauds, accompagnateurs sincères, et une horde de gendarme encadrant l’ancien chef du gouvernement Si Ahmed Ouyehia, - qui obtint une autorisation spéciale du parquet pour assister à l’événement mortuaire.


Tous ceux qui ont entendu, vu, analysé, et encore plus, connu, feu Laïfa Ouyehia s’accordent à dire qu’il été un homme de valeur, et un homme avec des valeurs, et que son soudain décès est une perte réelle non seulement pour sa famille mais pour le parti dans lequel il militait, et pour, il va sans dire, pour sa famille. L’homme était connu pour sa droiture morale, son pragmatisme, et son honnêteté; on se rappelle son intervention sur la châine privée El Bilad ou il étala devant tous les Algériens ses convictions et surtout ses positions politiques vis-à-vis du gouvernement dont son propre frère était le chef. Il fut un modèle d’honnêteté en exhibant son opposition politique à son frère allant jusqu’à l’inviter à partir par la grande porte, ce qui fut, une vision prémonitoire. On a tous découvert à travers cet entretien un homme qui ne peut déroger à ses convictions même si son propre frère était en face, - et cela nul ne peut le lui enlever. On se rappelera à jamais la lucidité et l'honneteté  avec la quelle il a fustigé son frére lors du fameux entretien accordé à une chäine privée, mais on retiendra surtout que malgré les divergences politiques, il n'a pas reculé devant le devoir familial en répondant présent pour assister un frére en assumant la responsabilité de plaider dans des affaires aussi complexes pour lesquelles son "client"  est poursuivi. On a découvert un homme instruit, et par-dessus tout un homme tempéré qui savait tenir une discussion : Un homme plein de sagesse, - Que le Seigneur lui accorde le repos éternel, et l’accueil dans son vaste paradis.

Pour revenir à l’enterrement en tant que tel, n’en déplaise à certains, je fus choqué tout en me sentant mal de voir si Ahmed Ouyehia dans un état lamentable. Je fus triste de voir un homme, peu importe les griefs retenus contre lui, peu importe la vérité des uns et des autres, peu importe ce qu’il a réellement pu faire, après avoir été au sommet de l’état, malmené dans tous les sens par un cordon de sécurité, un homme à la merci d’éléments de la gendarmerie qui à un moment pas si lointain assuraient sa sécurité.  Quelle tristesse, quelle fin de carrière tragique : Après tant d’années de service, après tant d’années de responsabilité, après tant d’années dans le faste des hautes sphères de l’état, finir exhibé comme une bête de cirque devant les caméras. Je suis triste pour lui et pour sa famille de le voir amaigri, fatigué, dans une tenue simple, les mains menottées, le pas lourd et la mine défaite. Nonobstant toute l’arrogance dont il a fait preuve durant les nombreuses années de service, il demeure un être humain affligé par une perte tragique d’un frère, et ne serait-ce-que pour cette raison on lui doit le minimum de sympathie et autre empathie, - en tant que musulman, et en tant qu’être humain!

Maintenant, je voudrais mettre mon grain de sel sur la justice Algérienne dont le fonctionnement ne cesse de nous étonner de jour en jour. Certes, accorder une autorisation spéciale pour Si Ahmed Ouyehia, un justiciable en plein procès, est, d’un point de vue humain fort louable, mais je ne cesse de me poser la question de savoir si cette initiative ne cache pas des calculs politiques et autres manigances politiciennes.


Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je pense qu’une telle décision, l’autorisation de sortie de prison, est une décision d’une telle responsabilité que le parquet ne peut assumer à lui seul, et encore moins prendre par lui-même. Cela dit, une telle décision ne peut se prendre au niveau du parquet de Sidi M’Hamed, mais se prend à un niveau plus haut, encore, car les conséquences d’une éventuelle bévue auraient été dramatiques pour les soi-disant parties qui prirent la décision d’autoriser un justiciable, emprisonné, de sortir de sa cellule. Ceci nous amène à considérer que la décision, hormis son caractère humanitaire, est une énième tactique pour amuser la galerie et donne un semblant d’une nouvelle ère. À moins d’être aveugle, ou aveuglé, on peut conclure que l’objectif de la médiatisation de cet événement dépasse le seul motif humanitaire. Pourquoi accorder à Si Ahmed Ouyehia le droit d’assister à l’enterrement de feu son frère, alors que sous le même ministre un activiste du mouvement populaire arrêté, jugé, puis condamné à de la prison ferme n’a pu avoir ce type de compassion pour assister à l’enterrement de toute sa famille   emportée tragiquement par un accident de la circulation.

Le procès mettant en cause Si Ahmed Ouyehia fut marqué par un comportement hors normes durant lequel on a assisté à une mise à mort médiatique en bonne et due forme d’un symbole de l’état. La retransmission par certaines chaines privées est le point d’orgue coup de grâce à un processus engagé dans les salles du palais de justice,  sinon comment expliquer que les audiences soient retransmises par les chaines de télévision privées à travers les fuites des bandes des télésurveillances, contrevenant au principe universel  à l’article 14 paragraphe 1 du Pacte international de l’ONU relatif aux droits civils et politiques [19]...


Pour rappel, dans les annales de la justice, si je ne me trompe pas, l’humanité a assisté à deux exceptions dans ce contexte ou des procès furent filmés et retransmis à grande échelle : Le  procès de Nuremberg jugeant les hauts gradés du régime Nazi, et le procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem, - quand on sait que pour le deuxième, les juges ont exigé que les caméras ne soient pas visibles ce qui a obligé le réalisateur et son producteur à creuser les murs de la salle pour y encaster lesdites caméras.

Aujourd’hui, on a pu voir sur les chaines privées, dont une en particulier avait apparemment la primeur, une comédie de mauvais gout mettant en scène un ancien chef de gouvernement et haut commis de l’état : Les retransmissions misaient sur les plans serrés d’un Ouyehia menottés, encadrés par une horde de gendarmes comme pour rajouter à son humiliation et accrôitre son   malheur.   Le mettre en scène de la sorte n’est qu’un stratagème pour le présenter au grand public sous son plus mauvais jour; une forme d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, et une atteinte avérée à son honneur et à sa réputation. Une manière de lui enlever toute option lors de la suite de son procès, car on l’a déjà condamné avant même la fin de son procès aux yeux du grand public : On vient d’annihiler le principe affirmé par l'article 9 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 qui veut que tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable.

On a pu constater comment la manipulation pouvait causer l’indécence du simple administré qui galvanisé par les relais médiatiques allant jusqu’à oublier le lieu saint de la cérémonie, proférant insultes et remontrances à voix haute oubliant par la même, nos us et coutumes quant sans égards à la sacralité de l’endroit ni qui y résident. On n’a pu observer comment la manipulation de masse pouvait enlever tout sentiment de compassion, pardon, empathie, pourtant l’essence même des valeurs de notre religion et signe distinctif de l’Algérien.

Le lendemain de l’enterrement, le ministère de la justice émet un communiqué de presse ou justifier la sortie circonstancielle du prévenu Ouyehia en informant l’opinion public que l’exception fait partie des procédures judiciaires et que c’est une décision laissée à la discrétion du président du parquet. Drôle de communiqué quand on sait qu’un certain Mohamed Abbess, détenu d’opinion N’ait pas eu ce geste d’humanisme lorsqu’il perdit trois de ses filles emportées par une fuite de gaz.

Le surlendemain, poussant l’absurdité à son paroxysme, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernent, fait une sortie médiatique pour exprimer désarroi, tout en fustigeant les chines de télévisions qui ont assuré la couverture de l’événement dont texte intégral joint : « … "La couverture médiatique, notamment audio-visuelle, de l’enterrement de Me Laïfa Ouyehia, frère du prévenu Ahmed Ouyehia, a donné une image qui n’honore ni le métier de journaliste ni le peuple qu’on est censé servir, un peuple connu pour l’ancrage de ses valeurs de compassion devant la mort et de tolérance. Outre qu’elles consacrent le procédé indigne de l’humiliation, les images d’un ancien chef de gouvernement menottes aux poignets, éprouvé et abattu par la perte de son frère, exhibé dans un spectacle indigne relèvent de l’indécence morale. Ces précédents témoignent malheureusement de deux grands maux qui donnent la mesure de la pauvreté du capital humain dans notre secteur: la déficience de la chaîne de valeurs éducatives et l’exercice médiocre de la profession ». Dixit Monsieur Ammar Belhimer, ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement. On aurait souhaité que Monsieur le ministre ait pu être plus proactif en commençant par interdire la diffusion des séquences pirates des séances du jugement de mis en cause dans le palais de justice, et en envoyant des directives claires et fermes aux chaines privées qui relèvent de sa tutelle.


TV en Algérie mai 2020.pngLa mise en scène fut digne des films de série B : On a autorisé Monsieur Ouyehia à assister à l’enterrement de son frère, mais on s’assure de bien le présenter à travers des plans serrés en mettant bien en évidence les menottes aux poignets. Pourquoi toute cette présentation? Pourquoi les menottes? Est-ce-qu’un homme de 68 ans, qui semblait physiquement et psychologiquement fatigué, pouvait fausser compagnie à une vingtaine de jeunes soldats de l’élite de la gendarmerie (GIGN)? Comment expliquer que Ouyehia, une des figures publiques les plus haies dans le pays puisse avoir ce geste humain malgré le danger que ce déplacement représentait pour sa personne et sur l’ordre public, mais un parfait inconnu, un simple citoyen s'est vu refuser ce privilège, pour le même motif : Décès d’un frère pour le premier, et décès de ses filles pour le deuxième. On dit que la justice est aveugle; on vient de découvrir qu’elle n'était pas aussi aveugle que nos magistrats veulent  nous le faire croire,- en tous les cas.

En conclusion, on constate que les différents services croisés excellent dans la manipulation de masse. Le simple citoyen ne doit en aucun cas se laisser emporter par ses sentiments, et doit apprendre à faire la part des choses. On doit apprendre à user de notre faculté d’analyse et ne jamais réagir à chaud pour avoir assez de temps pour avoir l’heure juste. En ces temps de brouillement politique, social, et d’incertitude économique, le système essaye par tous les moyens de détourner l’attention des administrés des vrais problèmes de leur quotidien en jetant en pâture des anciens serviteurs de la république. Les méthodes employées ces derniers temps n’augurent rien de bon pour l’avenir entre manipulation et réduction de toute forme de liberté.

Salah Eddine Chenini



dimanche 21 juin 2020





Procès Ouyehia : Fin tragique d’un crack de la politique!



Le cas de Si Ahmed Ouyehia est une tragédie Grecque au sens propre du terme. N'en déplaise à certains, et là je ne m'attends vraiment pas à une compréhension de tous les participants à ce fil d'actualité tout en respectant tous les avis et les commentaires, je maintiens à dire que son parcours est un gâchis avéré; c’est l’un des hommes politiques que l’Algérie a enfanté dont la notion de « technocrate » semble avoir été créée pour son profil. Comment un homme d’état avec un tel parcours et une telle intelligence a pu se laisser embarquer dans la gabegie d’un certain Abdelaziz Bouteflika qui l’a mené à sa perte.

Pour ceux qui suivent mes publications, dès l’annonce du retour de Bouteflika aux affaires dans un contexte des plus dramatiques dans l’histoire de l’Algérie moderne, j’ai toujours dit et maintenu que cet homme ne pouvait être sincère, sinon comment expliquer que quelqu’un puisse assumer la responsabilité d’une situation de chaos dont les conséquences, à ce moment-là, pouvaient mener à l’effondrement de l’état- nation tout bonnement. J’ai toujours cru, à tort ou à raison, que les raisons qui ont amenés l’ex-président Bouteflika à revenir aux affaires, après une traversée du désert de 20 ans, ne pouvaient qu’être motivées par un égo morbide et un besoin quasi vital de se venger d’un peuple dont il a une haine viscérale et insatiable.

Essayer de comprendre, à notre humble niveau, le cas « Bouteflika » pourrait nous donner un semblant de réponse sur l’aboutissement de la carrière d’un des hommes politiques les plus brillants de sa génération et, sans doute, dans l’histoire de ce pays, qui malgré toute son intelligence, clairvoyance, et machiavélisme s’est laissé embarquer dans une spirale de mensonge d’état,- aveuglé par le Momentum d’une ascension fulgurante, et par l’assurance de la pérennité d’un « clan » au pouvoir assurant l’impunité à toute épreuve.

Le point de non-retour dans la carrière de Si Ouyehia fut, sans aucun doute, la période 2013-2014 au moment où il fut mis au placard durant une année juste après avoir révélé ses ambitions présidentielles, - avant même la fin du deuxième mandat de Bouteflika. Accepter de d’occuper le poste de secrétaire général de la présidence fut un guet-apens dans lequel Bouteflika lui a tendu, et dans lequel il s’est engouffré sciemment. Son rappel pour un poste à la présidence, à mon humble avis, n’était qu’un stratagème pour l’avoir sous la main, et réduire sa marge de manœuvre, concrétisant l’adage qui dit d’être proche de ses amis, et encore plus proche de ses ennemis, - dixit Francis Ford Coppola. En acceptant le poste en question, Ouyehia se savait piégé, mais quelles étaient les raisons qui ont fait qu’il accepte de se marcher vers ce piège, lui un fin tacticien.

Les révélations, et autres indiscrétions, des transcriptions des audiences font état de malversations, et par-dessus tout, de sommes faramineuses dans l’un de ses comptes bancaires, de l’ordre de 30 milliards de centimes, dont il ignorait l’existence, tout en étant  incapable de justicier l’origine : Pour un homme doté d’une mémoire photographique qui donnait, devant le parlement et les organes de presse, les chiffres des différents secteurs de l’état de mémoire et sans l’aide d’un quelconque support.


Le stratagème de Bouteflika avec lequel il piégeât bon nombre de hauts commis de l’état dont certains se retrouvent derrière les barreaux est en fait vieux comme le monde : Le célèbre journaliste Gilles Perrault dans son fameux livre ‘’ Notre ami le roi ‘’ (1) révélait que feu Hassan II, le défunt roi du Maroc, lui a déclaré, lors d’un entretien, qu’il nommait expressément des ministres qu’il savait corrompus qu’ils maintenait en poste ce qu’il lui assurait leur totale fidélité, et une loyauté aveugle.



Bouteflika a usé du même artifice en nommant des ministres corrompus dont le seul critère n’était que la loyauté à sa personne au dépend de toute autre considération. En vingt années de règne, a ‘’utilisé’’ les mêmes ministres en alternant leur ministère respectif. Une fois dans le rouage, ils étaient pris au piège : La seule alternative qui leur restait était de cautionner toute gabegie tout en se sucrant au passage.
Qu’est-il reproché à Monsieur Ouyehia dans l’un des innombrables procès? Le titre majeur est sans doute la corruption! Dès le deuxième mandat de Bouteflika, on a assisté à l’initialisation de la corruption à tous les niveaux de l’état, et surtout à son sommet.   





On entend dire que la défense de Monsieur Ouyehia se base sur des considérations de procédures judiciaires quant à la compétence de la cour de Sidi M’Hamed de juger les mis en cause, mais surtout et avant tout sur la nature du système politique. En effet, la défense de M. Ouyehia, comme celle de M. Sellal d’ailleurs, évoque le fait que leur client respectif occupait le poste de chef de gouvernement dans un système présidentiel dans lequel toutes les décisions émanaient de la personne du président dont les désirs étaient des ordres. Nonobstant leur responsabilité politique, cet argument ne peut représenter un quitus car ils pouvaient se retirer en remettant leur démission, - comme fut le cas pour certains ministres lors du premier et deuxième mandat. Lors de leurs auditions, il a été reporté que les accusés s’accordaient à dire qu’ils ne pouvaient « démissionner » car en réalité les affaires dont ils étaient impliqués les a piégés à tel point que « démission » voulait dire poursuites judiciaires et accusations automatiques.  



Les accusés, lors de leurs auditions, s’accordaient à dire que je cite « …SOUS LE RÈGNE DE BOUTEFLIKA, IL N’Y AVAIT NI POUVOIR JUDICIAIRE NI POUVOIR LÉGISLATIF. LE SEUL POUVOIR EXISTANT ÉTAIT CELUI DU PRÉSIDENT… », ce que tout Algérien en âge de comprendre savait, mais pourquoi ne pas avoir claqué la porte pour se démarquer des pratiques des « cercles occultes » dont tous les accusés font référence. Comment un Sellal peut déclarer qu’il ne faisait qu’appliquer les directives du président.


Les déclarations des anciens chefs du gouvernement nous ramènent à la question de la responsabilité politique des accusés et surtout le statut, dans ce processus, de celui qui reste le premier politique de la situation actuelle à sa voir Monsieur Abdelaziz Bouteflika. Même si son état de santé n’est plus à présenter, il devrait faire face à la justice même à titre symbolique pour marquer un changement des pratiques, et pour que ça serve de jurisprudence pour l’avenir.



On s’entend que légalement, seule la Haute Cour de l’État est habilitée à juger un président de la République. Or, cette juridiction spéciale — dont la mise en place est prévue par la loi organique annoncée dans l’article 177 de la Constitution et qui a pour mission de « déterminer » les actes de « hautes trahison » et « des crimes et délits » commis par le chef de l’État ou le Premier ministre dans l’exercice de leur fonction — n’a d’exitance que de façon théorique.


Il semble que les raisons d’ordre politique font que l’ancien chef de l’état soit épargné par le cours de la justice sinon comment expliquer que l’on juge des chefs de gouvernement qui ne faisaient qu’appliquer le programme du président, tout en gardant à l’esprit que c’est le président qui les a nommés. Même si l’état de santé de l’ancien président de la République ne lui permet pas de se défendre, sa convocation est obligatoire en tant que premier responsable de la destruction morale, et économique du pays.



On a tendance à oublier que le programme de Monsieur Bouteflika dont Messieurs Ouyehia et Sellal se sont attelés à appliquer fut voté à l’Assemblée Nationale par les députés du peuple qui endossent, à leur tour, la responsabilité historique de la décadence morale, et du chaos économique et financier du pays. Ils sont partie prenante dans la situation actuelle du pays car ils ont donné un cadre légal à un programme de dilapidations des deniers publiques. Certes, ils ne peuvent se dédouaner en évoquant le seul fait qu’ils n’étaient que simples exécutants car ils avaient le choix et la liberté de démissionner pour se démarquer de cette politique destructive.


Comment les deux ex-chefs du gouvernement peuvent-ils dirent qu’ils n’avaient aucune responsabilité dans l’attribution des marchés, de l’automobile en particulier, alors que du fait de leur poste ils occupaient le rôle de chef du CNI, - Conseil National d’Investissement. Pour rappel, Le CNI est placé sous l’autorité du Chef du Gouvernement qui en assure la présidence. Ses travaux sont sanctionnés par des décisions, des avis et des recommandations. En 2006, il y a eu un redéploiement institutionnel qui a renforcé le CNI dans son rôle stratégique. L’action de ce conseil s’exerce, depuis, en matière de décisions stratégiques relatives à l’investissement et en matière d’examen des dossiers d’investissements présentant un intérêt pour l’économie nationale.


En guise de conclusion, je pense que si l’on veuille être juste et légaliste, les deux mis en cause, Messieurs Ouyehia et Sellal, ne devraient en aucun cas être des boucs émissaires, malgré leur responsabilité avérées, car le chaos économique et financier de la politique des vingt dernières années incombe aux ministres de tutelles, aux chefs de départements, aux chefs de projets de ces ministères, aux députés, à travers leur chefs de blocs parlementaires, et ipso-facto tout ce beau monde devrait être convoqué par la justice. Les griefs retenus contre les « investisseurs » devraient se limiter à la problématique de la TVA dans le sens ou ils furent exemptés de cette taxe alors que lors de la vente ils la chargée aux consommateurs pour l’empocher. Ils peuvent être jugés pour d’autres entraves à la législation, mais qu’on ne les jette pas en pâture juste pour donner l’illusion d’une nouvelle justice. Pourquoi les inculper d’avoir profité d’une politique absurde et de textes de lois à leur avantage, - advenant que l’on ne parle pas de corruption ou tentative de corruption de leur part.

Salah Eddine Chenini



dimanche 14 juin 2020





Journalisme en Algérie :  "Brejnevisme" réinventée!

DIA | Agréments des chaînes privées: Seules 10 chaines auront le ...

En passant en revue les chaines algériennes, mon attention fut attirée par l’émission politique sur la nouvelle chaine pro pouvoir El Hayat dont la langue de bois et l’exagération, à travers l’émission Politique, dépassent l’entendement. Malgré un début fort prometteur, cette chaine a pris une nouvelle tournure digne des chaines de propagande de l’ère Brejnev.

Dans l’émission de ce Dimanche la proie était Mme. Louisa Hanoune qui fut prise à partie par le présentateur et ses chroniques qui ont fait état de tout leur talent dans la tromperie et la désinformation.

Le journaliste en question, Monsieur Hannachi, qui désormais se présente comme le relais attitré du président de la république, a excellé dans la désinformation et la tromperie en diffusant des analyses erronées sur les dernières augmentations des produits des hydrocarbures. Le monsieur, avec une audace osa prononcer des termes comme « pertes de l’état » en évoquant les augmentations sur le salaire minimum, et autre retrait de l’I.R. G pour les couches les plus défavorisées des classes ouvrières.

Monsieur Hannachi, en s’adressant aux couches concernées, a essayé de maquiller l’impact des augmentations du prix de l’essence et du gasoil sur les revenus de ces couches et sur leur quotidien ; il donna des chiffres officiels en comparant le pour et le contre tout en tirant une balance de l’équation, en insistant sur le fait que les couches les plus défavorisées de la société ne peuvent pas être impactés par une augmentation du prix de l’essence étant donné qu’ils ne possèdent pas de véhicules.

Cette affirmation est une tromperie et un mensonge avéré, et une insulte envers l’intelligence des Algériens. Comment ce journaliste, avec une longue expérience, peut oser une telle énormité ; En s’adressant aux couches les plus défavorisées, et ipso-facto les premières impactées, le journaliste passe sous silence l’impact indirecte de ces augmentations : Monsieur Hannachi   oublie ou semble touché par une amnésie que toute augmentation aura un impact sur le transport en commun que, comme il l’a lui-même mentionné, ces couches défavorisées utilisent pour se déplacer. L’augmentation du prix du carburant aura un impact sur le prix du transport, sur le cout du transport ce qui va impacter le prix des fruits et légumes, et tous les prix des services. Monsieur le journaliste et ses chroniqueurs semblent ignorer que l’état dont ils se sont inventés avocats que ce dernier a commencé à saigner le simple citoyen par des taxes sur les factures d’électricité par exemple, dont la fameuse taxe de 9 % en sus des 19 % TVA dont le directeur de Sonelgaz n’a pu justifier de façon logique.

Madame Hanoune fut prise à partie par le trio qui semble oublier que cette femme à un long passé dans la lutte pour les classes ouvrières. Est-ce-que la dame est blanche comme neige? Certainement pas, mais on ne peut oublier sa mobilisation contre le projet qui allait brader Sonatrach sous Bouteflika. Je voudrais souligner que je n’ai aucune affinité avec Mme. Hanoune, et encore moins avec son parti., mais on ne doit jeter en pâture une figure politique juste parce que ce dernier ose poser une critique sur les actions du gouvernement ou du président. On a atteint l’étape ou tout action du président doit être considérée comme parole d’évangile dont la moindre critique équivaut à un blasphème.

Le trio passe à côté des décisions dont personne n’arrive à comprendre la logique, sinon comment expliquer que le gouvernement lève totalement le confinement sur certaines circonscriptions, tout en instaurant un confinement de 8 heure du soir jusqu’à 5 :00 du matin. Si je ne me trompe pas, 8 du soir jusqu’à 5 du matin n’est pas un créneau durant lequel les rues sont pleines : Tout le monde sait que le risque de la propagation si situe durant la journée ou le citoyen sort de chez lui.   

L'émission a consacré une partie à la nouvelle ronde du jugement de Monsieur Haddad. Jusqu'à la tout semble normal, sauf que le traitement de cette information est plus un requisitoire à charge plus qu'une information avant même le début de son procès: Le journalsite, chiffres à l'appui, a voulu enfoncer le clou en jouant sur les chiffres éffarants que mis en cause a pu benficier,- afin de jouer sur la fibre sensible des auditeurs, et enlever toute forme de sympathie envers l'accusé. D'un point de vue logique et advenant qu'on ne parle pas de corruption, qu'elle est le tort de Monsieur Haddad dans les avatages qu'il a pu avoir? La responsabilité incombe à ceux qui avaient les prérogatives d'attribuer les prêts et les avantages fiscaux et para ficaux. Sans defendre Monsieur Haddad, on ne doit pas le jeter en pature juste donner l'illusion d'une nouvelle justice intransigeante avec le crime économique.  

En conclusion, je ne peux que regretter la voie empruntée par cette chaine qui à ses débuts semblait être une bouffée d’air en termes d’intégrité et déontologie journalistique, mais semble épouser les mêmes pratiques de tromperies, de désinformation, et de manipulations. À l’instar de certaines chaines privées qui furent la tribune de l’Ancien système, cette nouvelle chaine semble changer de vocation en se transformant en relai du pouvoir actuel et des nouveaux hommes forts du moment. La npouvelle tendance reliée par les chaines privées est "consomme" sans discuter ni questionner à défaut de se voir traité de "main étrangère", de complotiste contre la stabilité du pays, et ennemi de la nation.   

Salah Eddine Chenini