Bouteflika ou l'homme "providentiel" qui acheva l'Algérie
Dès 1999, bon nombre d’Algériens furent sous le choc de revoir Bouteflika sortir de sa retraite forcée pour revenir aux affaires du pays. Certains ont dénoncé, d’autres ont sonné l’alarme sur le danger que pouvait représenter cet homme sur l’avenir du pays, ce qui leur a couté carrière, argent, et liberté même. A l’instar de milliers de mes concitoyens, je n’ai, alors, et en toute humilité, tout en me m'attirant des problèmes, cessé de dire que cet homme est la pire des alternatives qui pouvait se présenter à un pays au bord de l’effondrement.
Je fus et je serai convaincu qu'il est revenu à la politique et aux affaires dans un contexte des plus chaotique sur le plan sécuritaire et économique pour prendre sa revanche sur l'histoire; accepter la responsabilité d’un pays meurtri par la horde sanguinaire islamiste à un moment ou personne n’osait parier sur son avenir donne une indication sur le personnage : Pour les uns, c’est le courage d’un patriote, alors que pour les autres ce n’est rien qu’un acte d’un homme téméraire et aventuriste. Certains pensent que le président Zeroual n'a pas respecté ses engagements et lui a ouvert grandes les portes de la maison Algérie. Zeroual fut poignardé dans le dos pour une bande de généraux qui n'ont pas accepté son plan réconciliation nationale qui excluait tous ceux qui ont pu commettre des crimes de sang ou des crimes d'honneur. Pendant que ces derniers se courbaient devant sa personne, ils concluaient des accords secrets avec les sanguinaires de l'A.I.S et du G.I.A. Une fois le pot au fleurs découvert, l'homme de Batna a préféré se retirer en homme libre du joug du rangers.
Le discours en question remonte à son premier mandat période charnière durant laquelle Bouteflika en vieux briscard e la politique adopta un profil bas pour tâter le terrain pour découvrir la nouvelle réalité de l’échiquier politique 20 ans après avoir été éjecté comme un malfrat, référence au jugement de la Cour des Comptes dans l’affaire des détournements de deniers publics pendant son passage comme chef de la diplomatie Algérienne, par ses anciens acolytes. Bouteflika fut parmi les hommes politiques que le seigneur leur a donné une intelligence hors norme, - chose que ne peut lui enlever, mais il était doté d’un narcissisme chronique et d’un machiavélisme hors pair. Bouteflika n’a jamais porté l’Algérie et encore loin les Algériens dans son cœur car il fait partie de cette génération d’Algériens qui à un certain moment ou le fait d’avoir la moindre petite instruction faisait de toi une exception. Le fait d’avoir eu la chance de figurer parmi ceux qui ont prit part è la révolution, dans ce cas ce fut des vacances et autres escapades chez sa maitresse dans le Royaume Chérifien, leur confère, d’après eux, un droit divin sur l’Algérie et les Algériens. Un homme dont la loyauté à son menteur et protecteur, et l’adhésion à ses idées dont la conviction de l’impossibilité d’instaurer la démocratie et le multipartisme à un peuple de berger ne pouvait respecter ce peuple car il se croyait au-dessus de ce dernier. Lui et sa génération ont un sentiment viscéral que le peuple Algérien ne peut sortir de son statut de mineur et surtout, ne peut se libérer de son image d’indigène. Dès le début, il était évident qu’il ne pouvait incarner le changement, le renouveau car on ne peut faire du nouveau avec du vieux. Cet homme est le mal personnifié sinon comment expliquer qu’il ait pu dire du mal de feu Chadli Bendjedid, après sa mort, alors que c’est ce dernier qui lui évité la prison sous certaines conditions qu’il n’a même pas respecté.
Bouteflika a instauré un système à l’opposé de tout ce qu’il a pu dire lors de ce discours; il a adopté le même stratagème que feu Hassan II du Maroc qui de son vivant nommait sciemment des ministres qu’il savait corrompus pour s’assurait de leur allégeance et loyauté inconditionnelle,- propos rapporté par Gilles Perrault, dans son livre « Notre ami le roi », édition Gallimard, 1990. La preuve a été faite lors du procès de Sellal quand il déclara qu’il ne pouvait démissionner car il se savait embourbé dans une multitude d’affaires de corruption qui faisait qu’il s’est rendu au stade d’esclave à la merci du prince. Il a favorisé la corruption, le népotisme, le clientélisme, et a constitutionalisé la rapine pour servir sa personne à travers la réinvention du culte de la personnalité : On se rappelle cette déclaration à un journaliste de TV5 ou il déclara je cite : « …Je suis l’Algérie tout entière…Je suis l’émanation de cette Algérie…L’Algérie c’est moi, et je suis L’Algérie… », - fin de citation. Le document audio-visuel est disponible sur YouTube.
Bouteflika aura sur la conscience le sort de l’Algérie et l’avenir des générations à venir car il avait les capacités intellectuelles, le savoir et l’expérience politique, et une manne pétrolière qui pouvait faire sortir l’Algérie de son marasme économiques, mais surtout et avant tout il connaissait parfaitement la situation de la maison Algérie dont une correction historique devait être faite. Il pouvait et savait qu’il fallait entreprendre des changements structurels sur le plan politique, économique, et bancaire, mais il a préféré adopter les mêmes pratiques que son mentor en s’adjugeant tous les pouvoirs en régnant en maitre absolu en s’entourant d’hommes et de femmes dont la seule tache consistait à glorifier sa personne. Il y répondra devant son créateur, - enfin je l’espère du moins!
Salah Eddine Chenini
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