mercredi 1 juillet 2020






Procès Haddad : “Justice extrême est extrême injustice.”




Si l'on veuille réellement être juste et légaliste, hormis le chef d'inculpation de « corruption dans l’attribution de marchés publics », advenant que ce dernier soit avéré par des faits et autres preuves tangibles et vérifiables, tous les autres chefs d'inculpation sont de la poudre aux yeux pour meubler le dossier, - comme on dit dans le jargon des mass médias. Je tiens à préciser que je ne le connais pas, et je ne l'ai jamais connu, et encore moins je ne prends pas la défense de Monsieur Haddad ni qui que soit, mais si l’on veuille s’inscrire dans une dynamique légaliste tout en étant justes, on doit se poser, à la rigueur, des questions sur le procès en tant que tel et des lourdes condamnations qui viennent d’être communiquées par les différents médias lourds nationaux. Soyons lucides et pragmatiques, et surtout honnêtes: Monsieur Haddad en tant qu'investisseur, peu importe ce que la majorité des Algériens pensent de lui, et de l’image caricaturale que l’on puisse coller à son niveau académique, a saisi les occasions qui lui étaient offertes en tant qu’homme d’affaires avisé grâce au vide juridique que les deux anciens chefs de gouvernement, certains ministres, et surtout Bouteflika ont concocté pour saigner le pays a blanc.

Si je ne trompe pas, Monsieur Haddad a soumissionné comme n'importe quel homme d'affaire, et il a remporté les marchés publics; on ne peut le tenir responsable si les marchés en question furent octroyés dans le cadre de la formule du gré-à-gré : Ça reste la responsabilité des chefs de tutelles selon le cadre dans lequel cette décision fut prise. Maintenant certains peuvent dire que ses rapports avec Said, en particulier, l'ont aidé à remporter les marchés publics; aucun doute là-dessus, mais on ne peut lui faire porter le chapeau pour des chefs d'inculpations comme « l’obtention de privilèges, d’avantages et de marchés publics en violation de la législation », « dilapidation de deniers publics », « abus de fonction », « conflit d’intérêts »: C'est une aberration!
J’essaye, à mon humble niveau, de décrypter chaque chef d’inculpation, tout en espérant que les éventuels membres des différents groupes sur Facebook qui ont une formation dans le domaine juridique ou des connaissances juridiques nous éclairent plus, et corriger nos écarts de jugement.
En apprenant, sur les mass-médias, les peines dont les différents « protagonistes » ont écopés, j’ai le sentiment que quelque chose sonne faux, à savoir dans l’ordre : Haddad Ali 18 ans de réclusion, les frères Hadad respectivement 4 ans de réclusion, Ouyehia 12 ans de réclusion, Sellal 12 ans, Amar Ghoul 10 ans de réclusion, Amara Benyouness 3 ans de réclusion, Zaalan 3 ans de réclusion, Mahjoub Beda 2 ans, et enfin Youcef Yousfi 2 années de réclusion également. Le cas de Bouchwareb est une autre affaire dans l’affaire avec son nouveau statut légal en France, - si l’on se fie aux dépêches sur sa probable naturalisation Française.   

Je peux comprendre que Messieurs Sellal et Ouyehia puissent écoper de ladite peine considérant leur responsabilité politique et juridique, de même pour Amar Ghoul en sa qualité d’ex ministre des travaux publics à cette époque, mais je ne comprends vraiment pas les peines de 3 et 2 ans pour les autres : Maintenant si leur responsabilité est engagée, pourquoi n’ont pas été condamnés à la même peine que Amar Ghoul qui occupa les mêmes fonction que ceux qui s’en tirent à bon compte considérant les charges qui pèsent sur eux! Sur quelle base ont-ils écopé de 3 et 2 ans d’emprisonnement si leur responsabilité directe dans l’attribution desdits marchés n’est engagée! Si on les a condamnés juste parce qu’ils n’ont pas dénoncé voir démissionné, dans ce cas on devrait faire juger et condamner le secrétaire général du ministère, des directeurs centraux, des chefs de cabinets, des chefs de projets, des chefs de départements juridiques, techniques, et tous ceux qui ont eu accès à la mouture du cahier des charges et de la loi, car tous sans exception ont eu accès au contenu du cahier des charges, et surtout aux multiples défaillances. Pourquoi ne pas avoir dénoncé, voir démissionné!

 Maintenant prenons quelques lignes pour s’arrêter sur les chefs d’inculpation retenus contre Ali Haddad.  "dilapidation de deniers publics” : De quelle dilapidation on parle? Est-ce-que Monsieur Hadad était un commis de l’état pour mal utiliser les deniers publics?  À notre connaissance, comme n’importe quel chef d’entreprise qui remporte un marché public, il reçoit en contre partie ses émoluments pour les marchés en question., c'est un peu tire par les cheveux non! A ma connaissance, le monsieur n'a jamais occupé un poste officiel. A la rigueur, on pouvait lui coller le fait de ne pas avoir terminé des projets qu'il a remporté, mais dilapidation!

Que nous explique le « conflit d'intérêt »: Comment, et pourquoi? Par essence, la raison d’être d’un homme d’affaire est « l’intérêt » et le profit.  Qu’on nous explique comment Monsieur Haddad peut être juge pour « abus de fonction ». On ouvre une petite parenthèse pour souligner en passant que Monsieur Hamel est condamné aujourd’hui à quatre années de réclusion pour dilapidation, abus de confiance, abus de fonction, corruption, et la liste est longue, - ce qui revient à dire que le Hamel s’en tire à bon compte pour un ancien haut commis de l’état. Maintenant une question se pose d’elle-même : Quatre années pour des chefs d’inculpation similaire à certains autres hauts commis de l’état en jugement, mais qui ont eu des peines sévères! Est-ce-que Monsieur Hamel, étant donné son ancien poste, aurait des dossiers croustillants qui peuvent faire vaciller le socle de l’état?

En conclusion, tout ce simulacre de justice ne fait que miner l’image du pays, et renforce le gouffre qui sépare les Algériens de tout ce qui représente l’état. On est tous pour une justice, mais une justice équitable, juste, et surtout aveugle, peu importe le nom. Si Ouyehia, Sellal, Hadad ou tout autre mis en cause ont des arguments à décharge solide qui peuvent détruire l’accusation, ma foi qu’il en soit ainsi, car la justice est une affaire de preuves et de faits avérés sinon elle perdrait son essence même. Pourquoi lui coller l’accusation de conflit d’intérêt alors que l’homme n’a jamais occupé un poste officiel tout en ayant une société d’état ou fonction officielle pour que le conflit d’intérêt puisse avoir lieu.

En ce qui concerne « l’abus de fonction », si je ne me trompe pas, il faudrait qu’il ait une plainte d’une partie civile qui fut victime de cet abus pour que le chef d’inculpation puisse tenir la route, or à date aucune personne n’a porté plainte contre Monsieur Haddad. En plus, l’abus de fonction émane, comme dans le cas de Monsieur Hamel par exemple, d’une personne à travers l'exercice excessif d'un pouvoir conféré par un statut. En d’autres termes, Il s'agit de l'utilisation de capacités en dehors du champ d'action donné, d'outrepasser ses droits. L'utilisation anormale des pouvoirs donnés par une fonction, pour être une faute.

En conclusion, le procès de Monsieur Hadad, et par ricochet celui des anciens hommes politiques, est plus un procès politique qu’un procès pour rendre justice pour crime économique. Les relais médiatiques à la solde du pouvoir en place ont, bien avant le début du procès, entreprit un travail de propagande à travers le truchement du discours, et la manipulation médiatique pour diaboliser et discréditer les mis en cause contrevenant au principe universel de la présomption d'innocence, principe selon lequel toute personne, qui se voit reprocher une infraction, est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement démontrée. Ce procès n’est rien de pus que de la poudre aux yeux pour détourner l’attention des Algériens sur les problèmes réels de leur quotidien que les pouvoirs publics semblent incapables de régler. Ce n’est rien qu’une énième façon de donner l’illusion d’une nouvelle ère dans laquelle des hauts commis de l’état sont sacrifiés sur la place publique par les anciens acolytes. Sans exagérer la citation de De Francis Picabia, dans son «  Écrits » « … “La justice des hommes est plus criminelle que le crime.” S’applique parfaitement aux procès politiques, car il s’agit de procès politiques, et rien d’autres.

Salah Eddine Chenini


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire