lundi 12 juillet 2021

 

Les adieux de Monsieur Zeghmati : Plaidoyer pour une mission accomplie ou ultime règlement de compte ?

Un point de presse comme point d’orgue a une fin de mission, et une passation de consignes avec un air d’une autoévaluation positive de deux ans à la tête du ministère de la justice (…).  L’interlocuteur semble vouloir vendre son mandat comme étant accomplie et menée à bon port.

En ma qualité de simple citoyen, a plus forte raison de la diaspora, je ne puis juger son mandat, et par honnêteté intellectuelle, je ne peux remettre en question son intégrité au vu et au su des batailles qu’il a pu mener contre la gabegie de l’ère Bouteflika.

Cela dit, la question qui reste un mystère pour tout Algérien qui suit les événements de façon assidue, à savoir les raisons qui ont fait que Monsieur Zeghmati, et Monsieur Boukadoum entre autres, n’aient pas été reconduits dans leur poste respectif quand on connait l’importance de ces deux portefeuilles dans le contexte que tout le monde connait. (3) (4)

 

          J’ai suivi, à  l’instar de mes concitoyens, avec intérêt le point de presse du Ministre de la Justice & Garde des Sceaux sortant, et, ma foi, on peut dire qu’il peut y avoir bon nombre d’enseignements que les Algériens peuvent tirer de cette énième rencontre avec la presse.

 D’emblée, la première constatation se situe sur le language corporel et le ton utilisé par Monsieur Zeghmati qui, une fois n’est pas coutume, semblait calme, tempéré, le visage moins crispé, - lui qui a toujours donné une image d’un homme à cran lors de ses sorties médiatiques.

          En effet, le ton du discours de Monsieur Zeghmati qui semblait tiédasse, une fois n’est pas  coutume dans son cas, à la limite de l’amical quand on connait le caractère fougueux, ou dirais-je belliqueux de l’homme, lui qui a gratifié les Algériens dès sa prise de fonction à la tête de la justice par des diatribes, menaces, et autres véhémences. Est-ce le signe d’un homme résigné, déçu, ou, au contraire, un homme serein et heureux de libérer ses épaules d’un poids aussi lourd que cette responsabilité.

         

          Monsieur Zeghmati revient sur la situation des institutions de l’état durant l’ère de Bouteflika qui selon ses dires étaient quasi inexistantes comme s’il ne faisait pas partie de ce système, - du fait de sa profession de procureur de la République. La question que j’aurais voulu poser à Monsieur Zeghmati est la suivante : Puisque Monsieur Zeghmati avait la conviction que le système mis en place par Bouteflika a ruiné les institutions de l’état, pourquoi ne pas avoir démissionné de son poste de procureur pour dénoncer l’affaiblissement des institutions de la république ?

          Le ministre sortant commence par dresser le tableau de la situation durant laquelle il fut appelé à prendre en charge la justice. Dans son style atypique, il est convaincu que tous les Algériens ont oublie la situation durant laquelle il fut rappelé aux affaires après qu’il a eu à vivre l’injustice d’un certain Tayeb Louh, son prédécesseur, qui l’a demis de ses fonctions de magistrat. Non Monsieur Zeghmati, les Algériens n’ont pas oublié cette période, comme ils n’ont oublié que vous fûtes victime d’injustice et que les Algériens se sont solidarisés avec vous.

          Monsieur Zeghmati semble atteint d’un aveuglement moral et déontologique dont il ne saurait retrouver le chemin de la lumière.

          Certes Monsieur Zeghmati, en 2019 et bien avant les institutions de la république étaient à genoux, mais vous faisiez partie de l’une de ses institutions dont vous faites allusion. Je ne fais pas partie de ceux qui jugent que même a cette période le pays n’avait pas d’homme honnête et intègre, - et vous êtes certainement l’un d’être eux, - mais vous  aviez le choix de remettre votre démission, comme l’ont fait d’autres hauts commis de l’état durant le « règne » de Bouteflika, pour vous démarquer des pratiques d’alors, - une option comme une autre, mais ça reste un choix personnel.

          En déclarant que les institutions de l’état étaient inexistantes ou caducs en 2019, le Monsieur semble, à l’évidence, vouloir s’approprier le mérite d’avoir été le sauveur de la république : Monsieur Zeghmati a usé de l’exagération a outrance sur ce point, ce qui fait ressortir des contradiction flagrantes dans son discours : D’une part, il déclare           que les institutions de l’état étaient inexistantes, et d’autres part il nous rappelle  qu’il a soumis ses projets de lois a l’une de ces instituions, et pas des moindre : l’Assemblée Populaire Nationale !

          Je crois que Monsieur Zeghmati dans son élan oublie que le pays se trouve plus que jamais a la croisée des chemins principalement au vu de la situation économique et financière, sans parler des menaces sécuritaires a ses frontières : Non Monsieur Zeghmati, le pays n’est pas encore sorti de l’auberge.

          Monsieur Zeghmati revient sur les élections présidentielles que certains émettent toujours des réserves ; Ca va sans dire que le président élu a remporté ces dernières sans conteste, mais si l’on veuille rester pragmatique et légalistes, nul ne peut occulter la proportion de cette élection considérant que sur 23.559.853 électeurs inscrits sur les listes électorales (territoire national seulement), 24.464.161 (au total), seul 9.755.340 ont voté, et Monsieur Tebboune n’en a récolté que 4.947.523 voix, soit 58.13% des suffrages exprimés, ou  8.510.415 Algériens sur les 24.464.161, - donnant, ipso-facto,  du bois a ses détracteurs pour l’attaquer la question de la légitimité, (1), (2).

          Monsieur Zeghmati évoque les projets de lois régissant et encadrant les élections que son ministère a soumis, pour être débattus, au niveau de l’A.P.N, sauf que celui-ci semble atteint d’aveuglement intellectuel dont il ne saura retrouver la lumière ; Monsieur le ministre omet de souligner que le parlement dont il évoque était en majorité composé de législateurs qui ont participé a la gabegie Bouteflika, et furent partie prenante dans la ruine du pays en votant toutes les lois du gouvernement Sellal / Ouyehia, Ouyehia / Sellal. Le même parlement, honnis et  rejeté par le peuple, et dont la dissolution fut parmi les premières revendications du mouvement du 22 février 2019.  Pour finir avec le parlement a cette époque, on rappelle Monsieur le ministre que la majorité des soi-disant représentants du peuple ne représentaient que leurs propres intérêts, et ceux du clan autours du président déchu, - sans oublier les « apparatchiks » du système, -  pour reprendre le terme si cher a une certaine Hanoune.

          Pour ce qui est de la nouvelle constitution, hormis l’abrogation de quelques articles dont le « Hirak » réclamait depuis des mois, les Algériens s’attendaient à une refonte profonde de cette dernière pour assoir des bases solides pour la nouvelle Algérie libérée des dogmes et autres legs des chapitres les plus sombres de l’histoire de ce pays.

          A la fin de son de son discours, il est évident que naturel ne pouvait que revenir au galop car Monsieur Zeghmati n’a pas pu déroger a ses habitudes en apostrophant le « peuple » Algérien en déclarant que ce dernier, insinuant apparemment que c’est  grâce à lui, a appris, a ses dépends, la sacralité des institutions de l’état, - partie du discours qui reflète sa personnalité et celle de tous les hauts commis de l’état et leur perception de ce peuple. On attire l’aimable attention de Monsieur Zeghmati que le peuple s’est justement soulevé quand il a eu marre de voir que les hauts commis de l’état, censés respecter cette sacralité, étaient les premiers à en abuser, - jusqu’au point de rupture de la sacre-sainte confiance des citoyens envers tout ce qui s’apparente à l’état et à ses institutions !  

          L’argent public que Monsieur le ministre évoque était spolié par les ministres et autres hauts commis de l’état et leur relais affairistes et non pas par le peuple qui fit les frais des affaires et détournements de ceux qui le gouvernaient.

          En conclusion, je ne puis comprendre la formulation en particulier, et le discours en general de nos hommes politique,- et encore plus de la part d'un homme intelligent comme Monsieur Zeghmati : « …Il félicite son successeur d’avoir gagne la confiance de Monsieur le président… ». C’est la première fois que j’entends une tournure pareille : A ma connaissance, il n’est point question de confiance, mais plus de compétences et un peu d’affinités entre les hommes. Apparemment, on est toujours dans la logique que le poste de Ministre est une promotion et non pas un mandat limite dans le temps et tributaire de l’apport du nommé a la tête de la tutelle en question.

          L’histoire jugera si le passage de Monsieur Zeghmati aura changé quelque chose dans le secteur de la justice. On se doit de poser la question, par la meme, de savoir s'il a demandé a être exempté d'un nouveau mandat. Dans le cas contraire, on n'arrive pas a comprendre les raisons qui font que certains ministres dont le bilan semble catastrophiques aient été reconduits a la tête des memes ministères, alors que les affaires étrangères et la justice que la presse officielle et leurs relais privés n'ont cessé de les presenter comme renaître de leurs cendres grace justement a ces deux homme, soient relevés de leur fonction respective.

    Les femmes et hommes de la corporation, avocats, magistrats, greffes, fonctionnaires de la direction des prisons, etc…, sont les mieux placés pour juger et jauger sur l’impact de Monsieur Zeghmati sur le secteur au niveau organisationnel, structurel, stratégique, etc…

©Salah-Eddine Chenini

https://latribun.blogspot.com/

 

 

6 commentaires:

  1. Tout un chacun cherche son intérêt personnel.
    Que ce soit du temps de Bouteflika ou l'actuel TEBBOUNE.
    Mis à part Houari Boumediene et Med Boudiaf tous les présidents algériens étaient sous tutelle du FLN et de l'armée.
    Cette emprise est toujours en vigueur.
    Vous n'avez qu'à voir la composante de la nouvelle APN et du nouveau gouvernement.
    Plus de 95% sont issus des descendants de l'ex parti unique.
    Il n'y a pas d'indépendants. C'est archi faux.
    Les vrais indépendants ont été écartés des listes au départ par l'A' ANIE. Voilà la vérité.
    Le roi est mort vive sa relève photocopiée.

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    1. Bonjour,

      Je vous invite a en disposer a votre guise pour ce qui est de la diffusion.
      Bonne journée

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  3. La question que je me pose est:
    Puisqu'on nous dit que la justice fonctionnait ou fonctionne encore au téléphone, comment savoir qui décrochait ou pas parmi toute la profession ? Juges, procureurs avocats etc...
    Certains avocats aujourd'hui, se font passer pour des super héros au service du hirak de la justice de l'intégrité, de l'histoire ou même de Dieu pour une petite partie.
    C'est pourri partout et l'unique façon logique de procéder serait de les virer absolument tous, mais c'est utopique. Ce secteur doit s'autonettoyer, Zeghmati ou un autre ne change rien à la question que j'ai posé au début et le résultat on le verra avec le temps ... ou pas.
    Le départ de Zeghmati et de Boukadoum m'a personnellement rassuré que personne n'est indispensable. C'est au contraire de bon augure, à mon sens.
    L'avenir nous le dira.

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    1. Bonjour,

      Personnellement, je me suis arrêté sur la forme et le contenu du discours que j'ai trouvé bizarre. C’était plus un réquisitoire a charge envers le peuple qu'un discours dans le cadre d'une banale passation de consigne.
      Comme vous dites, l'avenir nous dira s'il aura laisse son impact sur la tutelle.
      Bonne journée

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