lundi 20 janvier 2020


Guerre & Paix vues de Berlin



Je voulais revenir sur une émission de M.Salim « dans le fond » sur la nouvelle chaine « Awraas » sur la rencontre de Berlin sur la crise en Libye. Les deux invités pour cette émission furent Monsieur Zouamia de New York, et   le Dr. Alouane d’Alger. Bien que j’aie toujours trouvé les interventions de ces deux intervenants, a un moindre degré ceux de M. Zouamia, forts intéressants et objectifs, je fus surpris de constater que les analyses du dernier cité à propos de cette réunion furent à la marge et sans aucune objectivité.


Ce que je reproche, en ma qualité de simple auditeur, est le fait qu’il a manqué d’objectivité et d’analyse pragmatique pour quelqu’un de brillant comme lui dans l’analyse des tenants et aboutissants de la participation de M. Tebboune et de la position de l’Algérie dans cette réunion. Le plus frappant dans son intervention fut les suppositions et les avis personnels sans aucune base pragmatique et encore moins des preuves qui pouvaient renforcer ses dires.

D’emblée, il faut souligner que tous comme nous sommes, on n’est pas dans le secret des dieux et on n’a aucune information sur les dessous de cette réunion et de l’invitation de M.Tebboune. On ne fait que recouper des faits sur les raisons qui font que l’Algérie à travers son président de la république fut conviée à cette réunion.
Il faut savoir que l’Algérie fut conviée à cette réunion non pas à cause de sa position stratégique ou sa force militaire, mais plus pour espérer un certain équilibre dans le rapport de force du conflit. En ce qui me concerne, je crois plus que l’Algérie fut invitée sous la pression de la Russie pour faire bloc à la France et en premier lieu. Connaissant la politique traditionnelle de l’Algérie en matière d’intervention militaire hors de ses frontières, caractérisée par le refus d’engager ses troupes en dehors du pays, l’Algérie ne représente aucun danger quant à un basculement supplémentaire dans le conflit en cours.
En plus de ce vecteur, les puissances internationales veulent se garder une assurance par rapport à l’alimentation du marché pétrolier et gazier mondial quant on connait les fluctuations de ce dernier a chaque fois que les régions pétrolifères sont soumises à des conflits armés, - comme c’est le cas avec l’Iran.
Pour ceux qui critiquent la décision de M.Tebboune d’avoir accepté la participation à cette réunion après que la Tunisie ait décliné l’invitation, je pense que M.Tebboune, politiquement parlant, avait une occasion en or de faire valoir sa légitimité à l’échelle internationale. Cette conférence tombe à point nommé pour lui afin de redorer son image aux yeux de certains pays, dont la France en particulier, qui maladroitement a commis une erreur stratégique en émettant des réserves quant aux résultats des élections du 12 Décembre 2019. Bien que sachant que le rôle de tous les invités à cette région à savoir l’Egypte, l’Algérie n’ont aucun rôle majeur dans l’équation, M.Tebboune s’en sort gagnant politiquement parlant de cette participation. Ceux qui déclarent qu’il aurait dû se concerter avec la Tunisie, voir boycotter cette réunion car cette dernière n’a pas pris part, n’ont rien compris aux enjeux politiques pour M.Tebboune à ce moment précis. Bien que la Tunisie demeure la première victime potentielle et directe des conséquences d’un éventuel embrasement de la situation militaire du conflit Libyen, son poids militaire, aux yeux des puissances internationales, ne représente pas un élément probant qui pouvait compliquer la situation dans l’éventualité d’une intervention de ses troupes dans le conflit, - d’où l’invitation tardive.
Il est à noter que les deux premiers concernés du dossier n’ont pas pris part à cette réunion, - à savoir M.Essaradj, et M. Hafftar. L’absence des deux belligérants soulèvent pas mal de questions quant au poids des invites a cette réunion, et la nature même du conflit. En effet, comment interpréter l’absence des deux parties du conflits alors que l’on sait tous qu’advenant une volonté réelle du puissances Européennes et Russe, on aurait pu les contraindre à assister sans qu’ils puissent souffler mot !   
Je fus aussi étonné de la façon dont le document final de ladite réunion fut formulé ; le ton employé envers les deux frères ennemis Libyens ressemble plus à un manque de respect qu’a une mise en garde.
La réunion, d’après ma vision, est plus à l’intention des puissances militaires, comme la Turquie, La France, et la Russie, qui ont émis leur volonté à intervenir militairement dans le conflit Libyen. L’enjeu économique et stratégique fait que l’on veuille garder un semblant d’équilibre dans cette région.
Il y a aussi le vecteur de post guerre civile qui rentre en jeu. En effet, la majorité des pays Européens, sans oublier la Russie et la Turquie, ont les yeux rivés vers les juteux contrats de reconstruction dont la Libye aura à distribuer une fois que la crise aura été dépassée.    Tous ces pays-la veulent se positionner pour avoir une part du gâteau.
Cette réunion n’est rien d’autre qu’un prélude pour l’après-guerre qui sera imposée par les puissances Européennes et Russe pour leur propre intérêt. Tous les autres pays de la région ne sont que des outils, voir, des pions que ces puissances utilisent au besoin pour faire avancer leurs projets et satisfaire leurs agendas respectifs.
Pour terminer, je voudrais souligner une phrase fort intéressante dans le communiqué final de cette réunion.

« Les participants au sommet de Berlin sur la Libye ce dimanche se sont engagés à respecter l’embargo sur les armes décidé en 2011 par l’ONU ». L’annonce a été faite par la chancelière allemande Angela Merkel dimanche à l’issue du sommet, rapportent plusieurs médias.
« Nous avons convenu que nous voulons respecter cet embargo sur les armes et que cet embargo sera plus strictement contrôlé qu’auparavant », a déclaré la chancelière allemande à l’issue de la conférence sur le conflit libyen, selon la même source.
« Nous nous sommes mis d’accord sur un plan de règlement universel », a jouté Mme Merkel, en précisant que les parties ont notamment décidé de créer une commission de suivi selon la formule 5+5 et se sont entendus sur sa composition, selon l’agence Sputnik.
« Tous les participants aux pourparlers se sont engagés à ne pas aider les parties en conflit. Il s’agit d’une aide militaire, de livraisons d’armes. On respectera ainsi l’embargo et le cessez-le-feu », a ajouté Mme Merkel.
Selon Sputnik, le chef du gouvernement d’union nationale libyen (GNA) Fayez el-Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar, ont convenu de créer une commission militaire conjointe pour superviser le cessez-le-feu. Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a annoncé sur Twitter que la composition de cette commission avait été approuvée à Berlin.
La Turquie soutient militairement le GNA et la Russie est soupçonnée d’appuyer le maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé en avril dernier une vaste offensive pour conquérir Tripoli.
Les différentes déclarations et des uns et des autres, et plus particulièrement la déclaration finale de cette réunion, nous donne une impression que nous vivons un filme tragi-comique. Tout ce beau monde qui appelle à des réunions, et qui exhorte les deux frères ennemis à arrêter de se déchirer sous peine de sanctions, sont les mêmes qui pourvoient les deux camps avec les différentes armes et munitions.  C’est quand même hilarant de constater le climat d’hypocrisie dans le quel nous vivons, sans oublier. Il est a noter, par la même, l’absurdité des pays du Maghreb en particulier, et du Monde arabe en général qui se fait abuser tout en acceptant les plus pires des humiliations. 

Pour conclure, la photo parue sur la majorité des quotidiens Allemand le lendemain nous renvoie a la réalité des pays concernés: La futilité. Une réalité amère que nos gouvernants acceptent sans rechigner a cause de leur manque de crédibilité et légitimité aux yeux de leurs gouvernes. Certains se demandent de temps a autres les raisons que les chefs d’états des pays de la rive sud de la méditerranéenne sont toujours placés selon le protocole sur les cotes ou au fin fond des groupes. La réponse est toute simple a travers cette photo. Lors de la diffusion, on fait des plans de sorte a les écarter de la photo pour réduire a néant leur poids respectif et leur existence même par rapport a l’équation.

L'image que l'on retiendra de cette réunion est sans conteste celle ou l'on distingue les chefs d’états Européens et leur homologue russe se concertant sur un sujet en particulier alors que les soit-disant concernés ont été laissés a l’écart. Cette photo reflète la crédibilité que les Européens donnent a tous les pays de la Rive Sud,- sans exception.  En fin de compte, le seul qui aura fait une affaire sur le dos de cette réunion est le président Tunisien qui par son absence s'est gardé une crédibilité, et a sauvé son honneur et son rang de président!




A vous d'analyser les photos ci-hauts pour en tirer les conclusions qui s’imposent.

Par Salah Eddine Chenini

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