Synopsis
A l’instar de
tous mes concitoyens de la diaspora, je ne puis rester insensible face à la
situation actuelle dans mon pays natal depuis l’avènement du mouvement du 22
Février 2019, - communément connu comme « Hourak », et non pas
« Hirak », linguistiquement parlant.
Tout en saluant
cet extraordinaire soulèvement du peuple en général et de la jeunesse en
particulier qui donna une leçon en matière de civisme et de maturité dans la
gestion de cette prise de conscience, je voudrais revenir sur les étapes qui
ont marqué ce mouvement d’un point de vue extérieur. Cet essai n’a aucune prétention
de vouloir changer les choses, et encore moins contenir la vérité suprême, mais
juste une réflexion ou un constat d’un simple citoyen.
Connaissant la
nature des caciques du système, je ne puis qu’être sceptique quant à la
réaction de ces derniers eu égards aux demandes de cet extraordinaire mouvement
que j’appelle le mouvement de l’éveil des consciences. Je fus sceptique dès le
départ car hormis la dimension de ce mouvement et surtout sa nature pacifique,
il a donné des signes de naïvetés juvéniles que les vielles branches du système
ont rapidement utilisés avec tout le machiavélisme qu’on leur connait. L’une
des failles de ce mouvement reste de ne pas avoir su ou pu dégager des représentants
afin d’encadrer ce mouvement, mais surtout engager des négociations avec les
tenants du pouvoir.
On a vu émerger
des figures politiques de premier plan reflétant parfaitement la réalité de la
composante de la population et de la réalité de la configuration politique de nos jours : On des jeunes a l’image de
Monsieur Tabbou, Monsieur Boumala, de Monsieur Belarbi, mais aussi des
personnalités historiques tels les Bouragraa, ou encore des poids lourds de la
politique qui ont démontré dans le passé leur intégrité en démissionnant de
leur postes de responsabilités respectifs sous l’ère Bouteflika. Le mouvement a péché par orgueil au moment
même ou les premières réunions et consultations ont eu lieu entre certaines personnalités
politiques durant lesquelles des
divergences majeures des points de vue ont fait que tout consensus fut
impossible à atteindre. Cette situation a fait que certaines personnalités ont préféré
quitter les différentes rencontres et réunions au grand plaisir du système. Le
système a joué sur les divergences des différentes personnalités qui ont le
profil & une vision pour parler au nom et pour le compte de ce mouvement,
et porter les aspirations de cette jeunesse aux détenteurs du pouvoir.
Comme a son
habitude, le système sut profiter de l’entêtement des uns et des autres, et
sentant un danger imminent du poids de cette nouvelle génération de politiciens
sur, à travers sa crédibilité, sur les masses, s’empressa de les mettre à
l’ombre sous de faux prétextes pour taire leur voix, et par-dessus tout, pour
leur barrer la route a toute éventuelle candidature aux élections
présidentielle, - dont le système passa en force. Ce vide en matière
d’encadrement du mouvement de contestation mena à un simulacre d’élections dont
les figures ne sont autres que le résidu de l’ancien système, - dont tous ont,
a une exception, ont joué le rôle de porteurs de cadre du président « déchu ».
J’ai, a l’instar
de mes concitoyens, suivi le lancement de la compagne électorale avec intérêt et surtout curiosité, avec
l’espoir de voir de nouvelles pratiques en matière d’éthique politique. Ce qui
ressort de cette dernière, malgré les quelques nouveautés en termes de
communication des prétendus programmes, le peuple Algériens fut déçu, à juste titre,
par rapport au perspectives et feuille
de route présentée par les aspirants à la magistrature suprême. On a assisté à
un prolongement des pratiques archaïques héritées de l’ancien système, et dont
le peuple s’est soulevé avec l’espoir de les voir disparaître à jamais. La
liste des candidats, retenus par la nouvelle instance dite indépendante chargée
d’organiser et surveiller le déroulement de ces élections, se démarquèrent par
une absence totale de vision, un populisme sans précèdent, et une langue de
bois digne du socialisme dur et pur. On a aussi eu droit a des comédies de piètre
qualité entre les déclarations farfelues
et scènes de pitreries entre les prières sur les trottoirs, les pleurs devant les caméras, les séances de
photos dans les lieux, des attaques
frontales avant même le début des hostilités, des dénonciations de fraudes des
le deuxième jour de la compagne, et par-dessus tout des rassemblements devant
des salles de conférence vide, ou a défaut a moitié remplies par des écoliers
et autres pauvres gens qu’on a appâtés avec quelques milliers de dinars et un
repas.
Les candidats en
lice n’ont pu convaincre les électeurs de leurs capacités et encore moins de
leur profil respectif pour assumer cette lourde charge dans un contexte aussi
délicat et sensible. Leur passif dans le système de Bouteflika, ou ils ont tous
sans exception joué un rôle dans le maintien d’un président impotent ce qui
revient à dire qu’ils furent partie prenante dans la violation de la
constitution, ou leurs fonctions aux plus hautes fonctions à la tête de l’état
leur a ôté toute forme de crédibilité vitale a tout président pour pouvoir mener a bien son mandat. Tous sans
exception se sont prononcés contre et de façon négative par rapport au
mouvement du 22 Février, apostrophant les manifestants et les traitant de tous
les noms.
On a eu droit
aux traditionnels chapelets argumentés de populisme, langue de bois; Tous sans
exception se sont distingués dans l’art d’insulter l’intelligence des Algériens.
La nouveauté suivant
l’ère Bouteflika en matière d’élections fut sans conteste la création de
l’instance indépendante chargée de l’organisation et de la surveillance de ces
dernières. Bien que l’idée soit fort appréciable dans le sens ou
l’administration se retrouve hors-jeu du processus, mais la hâte dans laquelle
cet organe fut mis en place a fait ressortir des lacunes énormes entachant sa
crédibilité.
On pu constater
d’emblée que ladite instance manquait de ressources pour couvrir le territoire
dans son ensemble ce qui a laissé le champ libre a certains dépassements décrié
par la population. Puis vint la signature de la charte morale mise en place et
dont les candidats ont tous signée et engagé à respecter, or dès le lancement
de la compagne électorale, on a assisté a des dépassements en termes de
dénigrement et autres attaques frontales de certains aspirants. On a pu
remarquer que ladite instance a vécu un moment de flottement avant de se
reprendre et remettre de l’ordre. Puis ce fut le scandale rapporté par la
presse et certains candidats concernant le financement par un industriel dans
la région d’Oran qui octroya des sommes assez considérables a deux candidats en
même temps, sans que cette instance. Il y eut aussi l’utilisation des lieux de
culte comme point de départ de la compagne électorale de tous les candidats ce
qui contrevient avec la charte de l’instance et même avec la loi de la
république.
Maintenant que
le vote est passé de façon libre et transparente selon les uns, au forceps
selon les autres, on se retrouve à la
croisée des chemins au vu du marasme en général. On a vu que le mouvement de la
population n’a pas fléchi avec la prise de fonction de manière officielle de M.
Tebboune en tant que président de la république, et la démission du premier
ministre, - une des revendications initiales du mouvement. Cette configuration
semble un casse-tête chinois pour le nouveau président fraîchement élu car il
doit en trouver une solution pour que les pouvoirs publics reprennent le droit
sur la rue, pour reprendre le jargon des services concernées.
La rue maintient
sa position par rapport aux élections en général, mais on commence a distinguer
une brèche dans le bloc des millions de manifestants qui ont prit la rue depuis
le mois de février; une partie pense dur comme fer que le nouveau locataire
d’El Mouradia N’est autre que le coté civil des détenteurs du pouvoir réel,
alors que l’autre partie semble croire que maintenant que le pays reprend le
chemin de la légalité et de la légitimité constitutionnelle, on devrait faire
bloc derrière le nouveau président pour commencer à bâtir une nouvelle Algérie selon la feuille
de route divulguée lors de la compagne électorale.
Prenant en
compte la situation du pays a
tous les niveaux, je pense qu’on doit se rendre a l’évidence que un cap a été
franchi. Les plus réalistes vous diront que les revendications continues de la
rue ne seront pas satisfaites. Pour éviter de s’enliser dans la situation
actuelle, il serait judicieux de donner crédit au nouveau président et d’attendre
pour voir.
Il serait sage ne pas faire lui faire un procès d’intention, et le juger
sur les faits. Une chose est certaine, l’Algérie vient de passer a une nouvelle
étape avec cette jeunesse avide de démocratie et de liberté. Si le nouveau président
est sérieux conscient des enjeux et surtout de la nouvelle réalité, il va aller
dans le sens de cette jeunesse. Donnons-lui une chance a défaut d’avoir le
choix !
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