Ukraine: Le summum de l’hypocrisie, ou quand les intérêts priment sur la vie humaine !
L'agresseur est le président tournant du Conseil de Sécurité |
Depuis plus de 48 heures, le monde
entier assiste à une crise inédite après que la toute puissante Russie eut,
contre toute attente, pris la dècision d’envahir son voisin l’Ukraine. À l’instar
de tous les conflicts à travers l’histoire de l’humanité, les seules victimes
demeurent les populations civiles qui endurent les affres d’une guerre qui aura des séquelles, physiques, et
psychologiques, sans parler de la destruction de leur pays.
Le monde entier aura été gratifié d’un, je ne puis la décrire comme comédie ou tragédie, un spectacle pitoyable de la part des leadeurs des grandes puissances de ce monde. Aujourd’hui, nous avons assisté à l’apogée de l’hypocrisie lors de la réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unis. Bien que tout le monde s’accorde à dire, depuis belles lurettes, que l’ONU en tant qu’institution internationale est plus que jamais caduc, et ne sert que les intérêts des plus forts au dépend des plus vulnérables, elle continue d’être le théâtre de de mises en scène dignes des oscars.
Aujourd’hui,
le monde a eu droit à un spectacle pitoyable dont les bouffons furent les
représentants des membres permanents du fameux Conseil de Sécurité : En effet, le
Conseil de Sécurité se réunissant pour traiter le cas d’une invasion ou agression
d’une super puissance d’un autre pays, mais la super puissance en
question est non seulement membre permanent de ce conseil, mais, ironie de la
situation, en assure la présidence tournante ! C’est comme si l’agresseur est
juge et juré en même temps !
Cette
situation inédite était prévisible depuis longtemps, mais tous les pays se
cachaient les yeux tout en espérant qu’un tel scénario ne se présente
jamais : Hélas, ce qui devait arriver, arriva dans le sens ou c’est la
première fois que ce Conseil qui s’est démarqué, depuis sa création en 1945-46,
par des condamnations et décisions qui mirent tant de pays à feu & à cendre
causant des centaines de milliers, voire des millions de morts, se retrouve en
pleine confrontation avec l’un de ses membres,- qui n’est autre que l’agresseur
dont le conseil voudrait punir!
L’hypocrisie
des pays occidentaux qui ont appelé à cette réunion réside dans le fait que
tout le monde savait que ce membre agresseur allait user du privilège, réservé aux
membres permanents du Conseils de Sécurité, communément connu
sous « droit de véto » pour bloquer toute résolution, ce qui nous
pousse à se poser la question suivante : À quoi bon toute cette comédie,
alors que tout le monde s’accordait à dire que la Fédération de Russie allait
user de son droit de véto !
Non
seulement, les « grands de la planete » se sont ridiculisés devant le
monde entier, mais ils nous ont gratifié d’une touche supplémentaire de
mensonge et d’hypocrisie en transférant le cas à l’assemblée générale des
Nations-Unis dont les résolutions et décision ne peuvent en aucun cas être
contraignantes, - ce qui revient à dire qu’il en ressortira des condamnations
sans plus ! l’article, 5, adopté fait que le conseil, attention aux
oreilles, ne fait que regretter l’invasion sans plus !
Comme
si cette aberration ne suffisait pas, la représentante permanente des
États-Unis ne put s’empêcher de se ridiculiser devant
le monde entier en blâmant le représentant permanent de la Fédération de
Russie, qui je le rappelé préside le Conseil en question, de ne pas avoir voté
en faveur de la résolution : Je ne sais pas si cette bonne femme est
consciente de la scène en question et de sa position à ce moment précis ! On se
rappelle que 31 ans auparavant les États-Unis à travers la bouche d’un certain
Collin Powell a entériné le plus gros mensonge de l’histoire de l’humanité en
accusant l’Irak de détenir des armes de destruction massive. On se rappelle,
pas la même, que les États-Unis ne se sont pas gênés de partir en guerre sans
l’approbation dudit conseil !
Toujours
dans le cadre du gros mensonge qui se joue ces jours, on apprend que les
États-Unis, la France, et l’Allemagne ont décidé d’imposer des sanctions sur
les avoirs de Poutine et de son ministre des affaires étrangères alors que de
l’autre côté on nous annonce que Poutine, en particulier, et ce qui plausible
connaissant son statut, n’ont aucun avoir dans les banques françaises,
Allemandes ou Américaines. On est aussi débuté devant la volte-face du
président Américain qui semble se coucher devant l’ourse Russe en changeant sa déclaration,
- qui s’apparente plus à une petite réprimande qu’à autre chose, - le tout sur
le dos des Ukrainiens bien entendu !
On nous a parlé, par le biais des Allemands qu’ils allaient pénaliser la Russie à travers Northstreams 2, le gazoduc de 1200 kms qui relie la Russie et l’Allemagne, mais ils ne disent pas que ce dernier n’est pas encore exploité mais promu par le géant russe Gazprom, le projet, estimé à plus de 10 milliards d’euros, a été cofinancé par cinq groupes européens du secteur de l’énergie (OMV, Engie, Wintershall Dea, Uniper et Shell).
L’autre mensonge concerne les banques Russes qui sont
concernées par l’embargo : Hormis les banques des oligarques, les banques
d’état n’ont pas été citées comme soumises à cet embargo telle la banque
centrale. Il y a aussi la question des exportations Russes de l’acier, Platinum,
et titanium dont la Russie est l’un des premiers exportateurs mondiaux. Il y a aussi la question du blé et soya Russe
qui pèsent lourd sur le marche mondial.
Il
semblerait que les Américains devant l’imposition de la Russie du principe du
fait accompli aient opté pour la carte du temps : Toutes les indications
vont dans le sens de la chute imminente de Kiev, ce qui augure d’un tournant
dans la suite des choses en termes de discussions entre les Russes et leurs
vis-à-vis Ukrainiens. Les Américains, en premier lieu, parlent de plus en plus
de discussions entre les deux belligérants.
La
France n’est plus à présenter en termes d’hypocrisie et de mensonge. La France
et l’Allemagne furent les plus deux pays bloquèrent avec vigueur l’adhésion de
l’Ukraine à l’union Européenne et autre OTAN en 2014. La genèse du problème ne
date pas d’hier, et on ne peut dédouaner le président Ukrainien et encore moins
Monsieur Poutine. L’union Européenne et à leur tête la France et l’Allemagne
ont toujours tourné le dos à l’Ukraine, validant, ou du moins fermant les yeux
sur l’accord de Minsk en 2014. En gesticulant ces derniers jours, la France
essaye de se racheter une conscience, ou dirais-je, s’acheter des points à
l’aube d’élections présidentielles qui ne s’annoncent pas de tout repos pour le
président sortant, M. Macron.
On a tant à dire pour ce qui est de la comédie que les grands de ce monde sont en train de jouer, mais le rôle de la France et l’Allemagne relève de l’exploit. On a tant entendu parler de sanctions envers la Russie, mais sans pour autant être au même degré que celles qui furent imposées à l’Iran par exemple en 2014-2015. On cite l’option Américaine d’exclure la Russie du système de transfert bancaire & financier Swift ; cette option est rejetée par des pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie dont les sociétés activent en Russie comme Total, les banques Françaises, etc, ce qui revient à dire que les pays Européens seront tout aussi impactés par certaines sanctions dont ils ne cessent de distiller à l’opinion public internationale à travers des fuites ou des déclarations répétées.
Bizarrement, on n’a pas entendu le Conseil brandir son arme fétiche de l’embargo sur le gaz et pétrole Russe, arme que ce même conseil ne s’est pas gêné d’utiliser contre des pays comme l’Irak, l’Iran, ou la Libye de Kadhafi: La logique "de deux poids, deux mesures", et autres interets priment, le peuple Ukrainien peut etre sacrifié,- a l'instar des Irakiens avant lui !
Pour comprendre la complexité de la situation, et autres
hésitations de certains pays Européens, on n’a qu’à revenir aux rapports de
2020 de l'AIE qui classent la Russie au premier rang mondial de la
production de gaz avec 230 Gm3, soit 22,6 % des exportations
mondiales. L’année 2019, a vu que les exportations de gaz naturel Russe
ont atteint 256,6 Gm3, au 1er rang mondial, dont
217,2 Gm3 par gazoducs et 39,4 Gm3 par mer (GNL)b 3,
destinés à l'Europe avec 188 Gm3 par gazoduc, en
particulier l'Allemagne avec 55,6 Gm3, l'Italie avec 20,7 Gm3,
la France à raison de 7,8 Gm3, les Pays-Bas 8,0 Gm3, et
6,9 Gm3 pour la France. Même la Turquie bénéficie du gaz Russe
avec 14,6 Gm3, les pays de l'ancienne URSS à hauteur de
28,9 Gm3, en particulier la Biélorussie avec
19,0 Gm3.
Pour conclure, l’Ukraine, sans dédouaner son président qui adopta
les mêmes méthodes depuis 2014 envers la minorité russophone que son vis-à-vis
Russe ces derniers jours, mais on reviendra sur ce sujet ultérieurement, semble
la victime non seulement des Russes, mais surtout et avant tout des pays qui
s’offusquent présentement de la situation actuelle. Même les armes qui ont été
envoyées aux Ukrainiens sont des armes défensives qui ne peuvent être utilisées
en phase offensives. La seule victime dans ce conflit reste le peuple Ukrainien
qui paye et payera la facture de ce conflit.
Un autre élément qui soulève pas mal de questions est cette fuite d’un
responsable Ukrainien sous couvert de l’anonymat qui aurait déclaré au Washington Post que les Américains
auraient offert une option de sortie du pays au président Ukrainien, - que ce
dernier bien entendu a refusé. Cette
fuite semble un indice que les Américains, devant l’imposition de la Russie du
principe du fait accompli, aient opté pour la carte du temps dans le sens ou toutes
les indications vont dans le sens de la chute imminente de Kiev. Cette chute mènera
invraisemblablement vers des discussions
entre les Russes et leurs vis-à-vis Ukrainiens qui auront remplacé le président
et son gouvernement.
Il est grand temps que cette aberration de l’ONU et son Conseil de l’insécurité soit démantelées et remplacées par une instance sans membre permanent et sans droit de véto si le monde veuille appliquer le glaive de la justice de façon équitable à tous les pays du monde sans distinction de puissance militaire, économique ou géographique,- ou autre bien entendu.
© Salah-Eddine Chenini
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