Tahkout, médias, et COVID-19 en trame de fond
La scène politique, économique, financière, et sanitaire
fut tellement riche ces dernières semaines que les mass-médias n’ont pas eu à
chômer, mais la façon dont ils ont traité lesdits événements est loin
de faire honneur à la profession et au serment d’honnêteté, d’objectivité, et
de professionnalisme qui régit leur métier.
En passant en revue la presse nationale qu’elle soit
écrite ou audio-visuelle, on ne peut que constater avec consternation la dégradation
de la qualité du journalisme en Algérie dont le ridicule est, désormais, la
marque de fabrique de la majorité des journalistes dont la régression manifeste
est irréversible. Rétrospectivement, la génération qui a vécu l’après Octobre
88 et le vent de liberté qui a soufflé sur le champ médiatique national et l’émergence
d’un journalisme de qualité, assiste au déclin du travail colossal dont les
pionniers tels Said Mekbel, Mohamed Benchicou, Tahar Djaout, ou encore Mme. Tlemcani,
fodil Boumala, sans oublier certains éléments de la nouvelle génération à
l’instar de Kada Benamar ont accompli sur la qualité et surtout
l’objectivité dans leur mission de colporter et surtout analyser le fait
politique. Aujourd’hui après vingt ans de « Bouteflekisme », pour
reprendre la formule d’un certain Tliba, le journalisme de qualité semble disparu
laissant place à des suppôts du pouvoir. La nouvelle ligne éditoriale de
presque tous les médias en place s’apparente à la promotion du dogme sous
toutes ses formes; les JT s’apparentent à des tribunes partisanes à travers lesquelles
tout ce qui émane du pouvoir est salué, glorifié, et répandu à grande échelle sans
discussion peu importe la teneur et l’efficacité des politiques mise en place,
et des décisions prises. La ligne éditoriale
est un éternel rituel dans lequel les « journalistes » s’efforcent à démontrer
lequel excelle dans les caresses dans le sens du poil pour s'adjuger les éloges
du nouveau prince et, par la même, s’assurer le satisfecit des hommes forts du
moment.
Fidèle à sa ligne de conduite, le quotidien El Khabar,
dans son édition du 9 juillet 2020, publie en première page un titre des plus
farfelus amplifiant le réquisitoire du procureur de la république et les peines
infligées aux accusés pour participer à ce simulacre du renouveau de la
justice.
La saga judiciaire se poursuit avec le même tableau
pitoyable d’une justice qui se donne en spectacle relayé par une presse aux
ordres à travers une désorientation de l’opinion publique, amplification des
faits, distorsion de la vérité, et un acharnement à la limite du thérapeutique dans
l’objectif n’est autre que d’imposer une vision biaisée, taillée sur mesure et
à la mesure des commanditaires pour faire porter l’entière responsabilité aux exécutants
tout en épargnant les commanditaires, - premiers responsables de la faillite morale, économique , et financière
du pays.
Le titre en
première page voulant que Monsieur Ouyehia écope de 64 ans de prison est
trempeur et une manipulation des lecteurs : les juristes vous diront que
dans ce type de cas le principe de la « confusion des peines »
s’applique ; Si la peine résultant d’un cumul est supérieure au maximum de
la peine encourue pour l’infraction sanctionnée le plus sévèrement, elle doit
être obligatoirement réduite jusqu’à concurrence de ce maximum. Cela signifie
que lorsque le cumul des peines de même nature prononcées pour plusieurs
infractions en concours est supérieur à la peine encourue par l'infraction la
plus sévèrement réprimée, les peines sont confondues automatiquement. De plus
simplement : deux ou plusieurs peines de même nature sont exécutées
simultanément dans la limite de la peine la plus forte. En d’autres termes, si
plusieurs peines privatives de liberté sont encourues, le juge peut prononcer
chacune des peines encourues, principales et complémentaires. Mais si plusieurs
peines de même nature sont encourues, il ne peut en prononcer qu'une seule,
dans la limite du maximum légal de la peine la plus élevée prévu pour l'une des
infractions en concours. Ceci pour dire que Monsieur Ouyehia
advenant qu’il écope de deux peines de distinctes de 15 et 12 années, la peine
de 15 ans sera appliquée et surement pas les vingt-sept (27) années comme
publié en grande pompe !
La rancœur de
certains mass médias, dont El Hayet en particulier est loin d’honorer la
profession quand on sait que ceux-là mêmes furent à un certain moment d’ailleurs
pas si lointain, les tribunes de propagande pour la politique économique et
financière qui mena le pays a l’état actuel.
Certes
Monsieur Tahkout est loin d’être un modèle d’honnêteté et droiture ; les différents
chefs d’inculpation semblent logiques, mais dans le tas, certaines accusations
sont d’un ridicule sans précédent. Un des chefs d’inculpation qui M’a le plus
interpelé et sans conteste celui qui concerne la TVA. En effet, on apprend que
le concerné, qui pour rappel jouissait d’exemptions de toutes sortes dont la
fameuse taxe sur la valeur ajoutée, facturait cette dernière à ses clients pour
l’empocher, - ce qui est en complète contradiction avec les lois en vigueur.
Lui, comme tous acteurs économiques du créneau, sont responsables du préjudice
causé au trésor publique, mais, en aucun cas ils ne peuvent être tenus comme
seuls responsables et ipso-facto assumer toute la responsabilité avec une
poignée d’hommes politiques. Le cahier des charges fut l’œuvre d’un ministre, Bouchwareb,
actuellement dans la nature, mais le projet fut adopté par la majorité des
députés, toujours « honorant » leur mandat sous la coupole du
parlement, approuvé par le C.N.I, et applaudi par la majorité des parti
politiques, pour enfin être relayé par la presse dans son ensemble comme étant la
seule solution pour endiguer le problème de l’importation des voiture d’occasion,
et ainsi réduire la facture des dépenses en devises étrangères.
On apprend
que l’I.G. F s’est porté partie civile dans le procès dit du montage
automobile. L’ancien complice devient le bourreau des accusés : C’est
quand même hilarant ! Comment se fait-il que l’I.G. F n’a rien trouvé
alors que tout le monde savait que Tahkout empochait la T.V.A, entre autres méfaits
notoires, dont il était exempté ? Pourquoi l’I.G. F n’a pas bougé alors
que tout le monde savait que Tahkout importait des véhicules finis en leur
retirant quelques pièces pour profiter des exemptions tarifaires et profiter
des largesses et avantages selon le cahier des charges en multipliant les
containers importés ? Pourquoi l’I.G. F n’a pas réagi au moment où les
images de l’intérieur de l’usine ont fait le tour des médias et de la
toile ? Ou sont les responsables divisionnaires du ministère des finances ?
Pourquoi les
magistrats s’entêtent mordicus à vouloir impliquer Monsieur Ouyehia dans le
procès Tahkout alors qu’au moment où ce dernier a eu son agrément, Ouyehia
était secrétaire à la présidence ?

Pourquoi on a
l’impression qu’il y aurait un sentiment de non-dit dans les procès en
question ? Pourquoi cette insistance à vouloir épargner les frères
Bouteflika alors que la logique et les faits font qu’ils sont indeniablement les deux
premiers responsables politiquement parlant du massacre ? Pourquoi tout le
monde s’accorde à insister sur la responsabilité politique de Messieurs Ouyehia
et Sellal, mais on essaye d’éviter de convoquer les Bouteflika ? Quelle
interprétation donner à la déclaration de Monsieur Sellal, alors qu’il joue sa
tête, quant à son statut de gestionnaire réel et effectif du pays depuis
2013 ? Certains, medias, ont associé cette déclaration a son caractère jovial voir
loufoque, alors que d’autres comprennent par cette sortie, sommes toutes
assassine pour l’accusé, comme le signe d’un accord ou d’une entente avec des
cercles bien précis contre une quelconque protection pour des membres de sa
famille(?). Est-ce-que la démission de Bouteflika fut tributaire d’un accord
lui garantissant l’immunité ?
Pour finir,
on attend que d’autres joueurs, autres que les figures médiatisées du fait de
leur fonction antérieure, soient traduit devant la justice., tous les acteurs
pour que la justice ne perde pas sa vocation et son leitmotiv de « justice
aveugle ». On doit cesser de vouloir jeter certains elements de premiers ordre, certes coupables, tout en épargnant d’autres dont la responsabilité est aussi avérée dans ce scandale.
Tous les
ministres semblent s’être mis d’accord pour mettre le blâme sur le citoyen pour
l’explosion des cas de contamination avec le virus de la COVID-19. La presse
dans son ensemble n’a pas arrêté d’Amplifier le rôle du citoyen lambda dans
cette explosion des cas. Mais revenons un peu en arrière : Pourquoi les
journalistes ne rappellent pas aux ministres que la décision d’ordonner le confinement
à outrance fut prise par le conseil des ministres malgré l’insistance du conseil
scientifique qui ne cessa de mettre en garde le premier ministre des
conséquences désastreuses d’une telle précipitation.
On ne peut passer
à côté des nouvelles dispositions des pouvoirs publiques
qui viennent de prendre la décision de pénaliser, en emprisonnant, toute personne qui ose dénoncer, mettre à nu la défaillance du système sanitaire, - ou tout autre secteur d’ailleurs ; toute publication sur les réseaux sociaux de la situation des hôpitaux, entreprises publiques de service ou économiques et désormais passible de procès et d’emprisonnement automatique. Les nouveaux hommes forts du système semblent s’inspirer des pratiques, voir renforcer, les pratiques qui ont caractérisées l’ère Bouteflika. Apparemment, ils n’arrivent pas à imprimer que les réseaux sociaux comme seul moyens de reporter les défaillances des différents secteurs, et l’absence des responsables locaux est un cri de détresse et ultime moyen pour le citoyen pour faire connaitre ses déboires, et exprimer ses attentes du service publique.
qui viennent de prendre la décision de pénaliser, en emprisonnant, toute personne qui ose dénoncer, mettre à nu la défaillance du système sanitaire, - ou tout autre secteur d’ailleurs ; toute publication sur les réseaux sociaux de la situation des hôpitaux, entreprises publiques de service ou économiques et désormais passible de procès et d’emprisonnement automatique. Les nouveaux hommes forts du système semblent s’inspirer des pratiques, voir renforcer, les pratiques qui ont caractérisées l’ère Bouteflika. Apparemment, ils n’arrivent pas à imprimer que les réseaux sociaux comme seul moyens de reporter les défaillances des différents secteurs, et l’absence des responsables locaux est un cri de détresse et ultime moyen pour le citoyen pour faire connaitre ses déboires, et exprimer ses attentes du service publique.
Le nouveau
gouvernement semble ne pas comprendre que l’ère du numérique a transformé la
manière dont le contenu journalistique est créé et distribué. Avec l’ubiquité
des téléphones et autres appareils portables qui peuvent connecter leurs
usagers à l’Internet, la ligne de démarcation entre les consommateurs et les
créateurs de contenu est devenue floue, au point parfois de s’effacer. Plus le
nombre et la diversité des sources de contenu augmentent, plus les gens
risquent de recevoir des informations déformées ou malhonnêtes et d’agir en
conséquence. Dans un tel environnement, les gens ont besoin d’un journalisme
crédible et fiable pour comprendre leur communauté et le monde en général, et
pour prendre des décisions citoyennes en toute connaissance de cause. Nos journalistes
semblent incapables d’adopter les normes déontologiques qui ont pour objet
d’assujettir leur travail aux valeurs de vérité, de transparence et de
communauté de sorte que leurs articles gagnent la confiance du public qui
reconnaît leurs compétences et leur intégrité.

Salah Eddine
Chenini
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