dimanche 29 mars 2020





COVID-19 ou la faillite du système de gouvernance en Algérie 


Bien que tout Algérien lucide sût depuis un certain temps la situation dans laquelle le pays en général se trouve depuis l’avènement du règne de Bouteflika, ce qui revient à dire depuis une vingtaine années, la pandémie du mois de décembre 2019 a mis à nu l’état actuel et réel du chaos
dans lequel le pays tout entier se trouve.
Une petite rétrospective combinée avec une observation de quotidienne que chaque jour qui passe dévoile la gravité de la situation sur le plan de la gestion des situations de crise, et de la gouvernance en général aux différents paliers de l’état, - national, régional, et local.

Le gouvernement comme la présidence, sans oublier une partie de la population, semblent hors du temps a travers les actions entreprises et autres décisions qui laissent l’observateur étranger comme le simple citoyen pantois, incapable de trouver ne explication logique à certaines actions. On est bien d’accord que tout le système de gestion devait depuis belles lurettes être repensé, mis à jour selon les variantes et autre réalité du moment. Devant la cacophonie qui semble être une religion chez les dirigeants Algériens en matière de communication et, surtout, de transparence, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi on ne canalise pas l’information à travers un seul porte-parole afin d’éviter les déclarations contradictoires.  Je suis de ceux qui pensent, et persistent même à maintenir que nos dirigeants, des années 80, et les suivants d’ailleurs, ont commis une erreur majeure en abolissant le ministère de la planification. Certains, je présume les anciens avec une certaine culture politique et historique, vont me dire que ce ministère n’avait plus sa place au début des années 80. Honnêtement au vu de toutes les catastrophes en termes de gestion, je crois en mon âme et conscience qu’un organisme de planification a sa place aujourd’hui plus qu’hier.

Tous les Algériens n’arrivent toujours pas à comprendre les raisons, dans un moment de
crise majeure alors que les prix du brut a atteint des records en termes de chute du prix, et pendant que le pays est en face à un manque de réserves en devises de plus en plus critique, et alors les capacités réelles sont mise a nu, la présidence gratifient, à travers la chaîne de télévision publique le peuple Algériennes et Algériens d’une information des plus folles : Un don de 50 millions de $ comme aide à la Mauritanie. Je comprends que la solidarité dans les moments de crises est un devoir sur le plan humain, mais je pense que charité commence par soi, - comme dit l’adage! 


Comment expliquer que les couches les plus démunies du peuple vivent des moments extrêmement difficiles pendant que les pouvoirs décident de lancer une nouvelle chaîne de télévisons par satellite, quand on sait que les frais par année pour diffuser sur les bouquets et les coûts pour le satellite s’élèvent aux environs de 10 millions de $ par année. Ce lancement n’a été que superficiellement médiatisé : A peine une ligne, une phrase au J.T du 20 heures, puis plus rien, - pour un événement d’une telle importance!

Tout semble se passer dans une 4 ème dimension dans ce pays. Presque quatre semaines après les arrêts des cours dans les écoles et universités, enfin, aujourd’hui, le ministère s’est tiré de sa léthargie pour annoncer un plan pour l’enseignement à distance. Cette décision est, somme toute louable, aucun doute là-dessus, mais d’un pont de vue pratique elle reste une aberration. Considérant la médiocrité de l’internet en Algérie en termes de débit, considérant l’éloignement des villages et petits bourgs de l’Algérie profonde qui non seulement ne connaissent pas internet, mais ont des difficultés avec la disponibilité de l’approvisionnement en électricité, comment les stratèges du ministre de l’enseignement ont pu prendre cette décision. Je pense que ça aurait été plus judicieux lancer un programme sur la chaîne nationale terrestre qui reste accessible a toutes les couches sociales du pays, au lieu de lancer ce programme sur le compte You Tube du ministère de l’enseignement. Je considère que les fonds jetés dans le lancement de la nouvelle chaîne nationale par satellite auraient être utilisés à bon escient, - pour ce projet par exemple!

Je suis aussi sans voix dans la manière dont les représentants des pouvoirs publics donnent l’exemple du confinement et les mesures préventives imposés au citoyen. En effet, ce qui a attiré mon attention est que les sorties des ministres, qui restent un mystère dans les circonstances actuelles, dont le protocole habituel est toujours selon les standards du populisme chronique : Une armée d’éléments des différents services de sécurité, une foule de secrétaires et fonctionnaires, une armée de journalistes dans une cohue infernale a l’heure du confinement et autre distanciation sociale, qui de par le monde est de deux mètres alors qu’elle est de un mètre dans ce pays! Il y a aussi la position de l’état qui semble perdre tout contrôle sur de spéculation sur les prix à la consommation des produits essentiels.

Drôle de décision prise par le chef du gouvernement que de visiter Blida demain connaissant la tradition du protocole en Algérie.
Pendant que dans les pays qui se respectent, leur Premier Ministre respectif, et ministres de tutelles sont en contact continu avec leurs administrés par des points de presse quotidien, les responsables Algériens, dans leur majorité, sont hors ligne, disparus de la circulation. Alors que les députés des circonscriptions Canadiennes et Québécoises se mobilisent pour rester en contact avec leurs électeurs en répondant à leurs questionnements et interrogations à travers des séances de face time sur les différentes plateformes numériques, les députés Algériens brillent par leur absence de la face du monde.   

Je ne peux passer sous silence tout le machiavélisme du système mafieux Algérien qui dépasse tout entendement en matière d’hypocrisie, mensonge, et cruauté. A l’heure ou le monde entier vit des moments d’une extrême gravité, la justice Algérienne, sous les ordres des rangers de l’ombre, trouve normal de rejuger Karim Tabou pour le maintenir en prison pour six mois consécutifs, - comme si le cas de cet opposant était une priorité vitale pour le pays.

On a, de la façon la plus abjecte et avec une lâcheté sans égale, profitât de l’interdiction des manifestations pour abuser de toutes les lois et procédures judiciaires pour le condamner. Je voudrais revenir sur les vices de procédures qui ont entachés le déroulement du procès, sans parler des erreurs du procureur de la république dont celle qui restera dans les annales à savoir sa fameuse déclaration a la presse alors que le condamné avait les   jours réglementaires pour faire appel ce qui rend le jugement pas définitif!

On vient d’apprendre que les journalistes venaient de recevoir une instruction des plus hautes autorités que dorénavant ils ne pouvaient avoir le nombre exact et officiel concernant le nombre de personnes contaminées, des décès, etc : Un black-out total alors que tous les pays du monde appliquent une transparence exemplaire et totale.

L’autre dépêche est la mise a niveau de l’hôpital de Ain Naadja dont la réhabilitation a été annoncée. Jusqu’à la l’information semble ordinaire, mais la contamination de certains hauts gradés de l’armée, et la fermeture des frontières obligent les hauts dignitaires Algériens à se soigner au sein des hôpitaux Algériens dont ils snobaient par le passé. Le contraste dans cette information est que l’hôpital des hauts dignitaires est mis an niveau alors que chaque jour on a des professionnels de la santé qui sortent sur les réseaux sociaux pour dénoncer le manque flagrant de moyens dans les hôpitaux du peuple


L’élan de solidarité des jeunes Algériens a travers les associations et organisation non gouvernementales (O.N.G) nous a révélé la faillite de l’état Algérien, et l’absence d’un plan d’urgence a la mesure d’une catastrophe comme la pandémie de la COVID-19. L’action de solidarité, d’entraide, de support aux couches sociales les plus vulnérables est certes louable de la part des jeunes, mais cette initiative doit être un complément à l’action de l’état et en aucun cas un substitut aux responsabilités des gouvernants de ce pays. 

Pour finir, on remarque l’absence de discipline de la part d’une fraction du peuple qui semble inconsciente du danger mortel de ce virus : On a vu des commerces qui ont fait fi des directives gouvernementales ouvrant leurs portes, comme les cafés, bars, et autres restaurants qui ont continué a activé de façon criminelle en accueillant une clientèle qui semble hors du temps. 

Pour clore ce tour d’horizon, tout en priant que les Algériens passeront cette épreuve sans grand dommage, il sera plus que vital de faire un audit du fonctionnement de ce pays a tous les niveaux.

Salah Eddine Chenini









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