Politique québécoise : les 12 événements les plus
marquants de l'année 2019
CAROLINE PLANTE
La Presse Canadienne
QUÉBEC
— Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a été très actif en 2019
en adoptant cinq projets de loi majeurs qui ont changé, pour le meilleur ou
pour le pire, le visage du Québec. Cannabis, laïcité, taxis, maternelles 4 ans
en passant par l'immigration, la CAQ de François Legault, qui a accueilli en
décembre une 76e députée dans ses rangs, a dû également composer avec la
réélection cet automne du gouvernement fédéral libéral de Justin Trudeau.
Survol de l'année en 12 moments marquants.
Janvier
Première visite officielle de M. Legault en France : la
relation France-Québec prend un accent plus économique que politique. Le
premier ministre veut doubler la valeur des exportations vers l'Hexagone, tout
en faisant de la France un tremplin vers d'autres marchés européens. Sa
ministre des Relations internationales, Nadine Girault, confirmera plus tard
dans sa nouvelle politique internationale sa détermination à donner la priorité
absolue à l'économie dans les relations du Québec avec l'étranger.
Février
L'étude du projet de loi rehaussant l'âge légal à 21 ans
pour acheter et consommer du cannabis ne se fait pas sans heurts; le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, doit se défendre
d'envoyer les jeunes dans les bras du crime organisé. Le ministre peine également
à expliquer comment il fera appliquer l'interdiction de consommer sur la voie
publique. Au final, la CAQ utilise sa majorité pour faire adopter le projet de
loi. Le Québec devient ainsi la province la plus restrictive en matière de
cannabis.
Mars
Le 20 mars, le ministre des Transports, François
Bonnardel, soulève l'ire des chauffeurs de taxi en déposant un projet de loi
qui dérèglemente l'industrie du transport de personnes. Il annonce du même
souffle qu'il indemnisera les détenteurs de permis de taxi dont la valeur a
chuté depuis l'arrivée d'Uber et d'autres applications technologiques. De
nombreuses manifestations s'organisent à Québec et à Montréal pour décrier ce
projet de loi, qui sera finalement adopté quelques mois plus tard dans la
tourmente.
Avril
Les inondations touchent 250 municipalités et forcent
l'évacuation de plus de 10 000 personnes. Si la ministre de la Sécurité
publique, Geneviève Guilbault, vante un programme d'aide financière simplifié,
plusieurs sinistrés dénoncent les délais. Inondés à cause de la rupture d'une
digue, les résidants de Sainte-Marthe-sur-le-Lac sont particulièrement
affectés. Le gouvernement redessine la carte des zones inondables, mais accorde
un statut particulier à Sainte-Marthe-sur-le-Lac pour favoriser la réintégration
des citoyens, qui peuvent reconstruire leurs maisons.
Mai
Accusée de n'avoir aucun plan en environnement, la CAQ
tient un conseil général spécial à Montréal, au terme duquel M. Legault annonce
vouloir électrifier transports, bâtiments et entreprises afin de réduire de 40
% la consommation de pétrole au Québec d'ici 2030. Le metteur en scène et
écologiste Dominic Champagne participe à cet événement, ayant pris sa carte de
membre de la CAQ en signe de bonne foi. Plus tard, il qualifie le parti de
climatosceptique, scandalisé par son inaction après une année au pouvoir.
Juin
Les projets de loi sur la laïcité de l'État et la réforme
en immigration sont adoptés sous bâillon, le gouvernement caquiste invoquant
«l'urgence d'agir» dans ces deux dossiers. Il sème l'émoi en interdisant le
port de signes religieux aux employés de l'État en position d'autorité, dont
les enseignants. Il change le processus de sélection des immigrants pour mieux
répondre aux besoins de main-d’oeuvre. Cela inclut l'élimination de 18 000
dossiers de candidature déposés sous l'ancien système, basé sur le principe du
premier arrivé premier servi.
Juillet
François Legault est au coeur des échanges lors du
Conseil de la fédération, à Saskatoon. La loi sur la laïcité lui vaut une volée
de bois vert du premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, qui y voit une
«dangereuse» discrimination. M. Legault répète qu'il n'y a pas «d'acceptabilité
sociale» pour un oléoduc au Québec et essuie une deuxième rebuffade de
l'Ontario lorsqu'il propose de lui vendre de l'hydroélectricité. Au chapitre de
l'immigration, il prétend avoir convaincu ses homologues de la nécessité
d'accueillir plus d'immigrants économiques et moins de réfugiés.
Août
Une taxe à imposer aux géants du web fait consensus parmi
la trentaine d'intervenants à la commission parlementaire qui se penche sur
l'avenir des médias. Experts, professeurs d'université et dirigeants
d'entreprises de presse affirment que les médias voient fondre leurs revenus
publicitaires au profit des plateformes numériques (Google, Apple, Facebook,
Amazon et Microsoft). La commission propose des mesures pour assurer la survie
des médias, aux prises avec une crise financière sans précédent. Pour M. Legault,
l'imposition d'une taxe aux géants américains demeure un scénario hautement
hypothétique.
Septembre
C'est la rentrée et les élus reprennent l'étude du
controversé projet de loi 5 permettant le déploiement de la maternelle 4 ans
universelle. François Legault y tient; il a mis son siège en jeu sur cette
question lors de la campagne électorale. Les trois partis d'opposition le
prient plutôt de prendre un temps d'arrêt avant d'implanter les classes de
maternelles 4 ans partout au Québec. Ils réclament en vain un plan détaillé
ainsi qu'une analyse des coûts approfondie et transparente. Le projet de loi
sera finalement adopté sans leur accord le 5 novembre.
Octobre
M. Legault laisse transparaître un certain étonnement au
lendemain de la réélection des libéraux fédéraux de Justin Trudeau. En campagne
électorale, il était sorti de la réserve habituelle des premiers ministres pour
dénoncer le discours de M. Trudeau entourant la loi québécoise sur la laïcité.
Il l'avait exhorté à ne jamais contester cette loi devant les tribunaux. Ce
thème aura finalement servi à mousser la campagne du Bloc québécois, qui a pu
renaître de ses cendres, en faisant élire 32 députés.
Novembre
Le ministre de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette,
plonge le gouvernement dans sa première crise. Sa réforme du Programme de
l'expérience québécoise (PEQ), qui vise à réduire le nombre d'étudiants et
d'employés pouvant être acceptés au Québec, en pleine pénurie de main-d'oeuvre,
est très mal accueillie. Étudiants étrangers, organismes économiques, cégeps et
universités se mobilisent et forcent le gouvernement à reculer, si bien que M.
Jolin-Barrette se confond en excuses et promet de mieux consulter. Un sondage
d'opinion suggère que la CAQ a perdu six points de pourcentage depuis le
printemps.
Décembre
Le
gouvernement caquiste termine cependant l'année en beauté en ravissant le
château fort libéral de Jean-Talon lors d'une élection complémentaire. Joëlle
Boutin, ancienne chef de cabinet d'Éric Caire, récolte 43 pour cent des votes
pour devenir la 76e députée caquiste à l'Assemblée nationale. Tandis que
François Legault jubile, le Parti libéral du Québec et Québec solidaire
encaissent la défaite et pansent leurs plaies.
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