Rapport sur la mémoire : Deux visions, une seule approche !
Le 24
Janvier 2021 aura marqué un événement majeur pour tous ceux qui s’intéressent
au dossier de la guerre d’Algérie qu’ils soient Algériens ou Français avec la
remise du rapport sur la mémoire, tant attendu, par le célèbre historien
Monsieur Benjamin Stora, - présenté par ses pairs comme un grand spécialiste de
l’Algérie. L’importance dudit rapport
est d’autant plus importante considérant les longues années d’attente d’une
partie des citoyens des deux pays pour une solutions aux multiples points laissés
en suspens depuis l’indépendance par les deux anciens belligérants.
Bien
que la commandite, par la présidence de la république française, soit un
rapport consultatif et ipso-facto en aucun cas, du moins selon les
premières indications, une décision politique finale, ce dernier a comme prévu déchaîné
les passions des deux côtés de la Méditerranée, remettant au gout du jour un
vieux dossier, jamais clos, ravivant pas la même occasion de vielles blessures
jamais guéries malgré les années qui se sont écoulées depuis la fermeture du
chapitre de la guerre d’Algérie.
A
l’instar de beaucoup de mes compatriotes de l’intérieur et de la diaspora, je
n’ai pu rater le traitement de cet évènement par la presse nationale en premier
lieu.
Je
voulais revenir sur le traitement de cette épineuse question dans les relations
des deux pays par les pouvoirs publiques Algériens. D’emblée, on a tous
remarqué le choix du président de la république en la personne de Monsieur
Abdelmadjid Chikhi en sa qualité de conseillé a la présidence, et ancien
combattant de la guerre de libération, chargé des archives et de la mémoire.
Monsieur Chikhi a la réputation d’être un conservateur a tout ce qui touche à
la souveraineté nationale et aux archives nationales détenues par la France. Du
côté Français, on a opté pour un imminent historien réputé être un grand spécialiste
de la guerre d’Algérie.
D’un
point de vue pratique et pragmatique, je trouve que le fait de charger ses deux
personnalités de ce projet sensible est comme condamner cette entreprise a l’échec
dans son état embryonnaire : Nul doute que les deux personnalités ont
toutes les compétences requises pour cette entreprise, mais leur implication
directe et respective dans la question ne peut leur conférer la neutralité nécessaire
pour un traitement objectif et pragmatique de la question. En effet, monsieur
Chikhi ayant participe a la glorieuse guerre de libération, et monsieur Stora étant
un pied noir ne peuvent, et c’est tout a fait naturel, avoir la lucidité et le détachement
nécessaire pour faire sortir un rapport qui va dans le sens d’une résolution
objective et surtout tourné vers l’avenir des relations entre les deux pays sur
la question.
La
nomination de ces deux personnalités nous renvoie à la question de savoir si la
volonté politique au sommet de l’état des deux pays : Si l’on considère
que réellement les deux pays veuillent aller vers un nouveau chapitre sur la
question, on aurait dû assigner cette tache a des spécialistes nés après l’indépendance
qui pouvaient avoir un regard neutre et objectif sur toute la question. Charger
des personnes directement impliquées dans ce volet dénote une volonté politique
pour bâcler cette question.
Le
rapport en question semble en décalage avec certains points cardinaux de la question
que la majorité des médias ont passé sous silence ; On nous référant aux
accords d’Evian, on se rencontre d’emblée que les recommandations dans le
rapport de Monsieur Stora est en porte a faux avec les accords d’Evian surtout
en ce qui concerne la question des Harkis et des compensations. Alors que le rapport
place la question du droit de retour des Harkis dans leur pays natal, la partie
Algérienne place cette question comme une option tabou irréalisable s’inscrivant
dans les constantes du fondement même des principes de l’Algérie indépendante.
D’un
autre côté, les divergences entre les deux parties semblent insurmontables si
l’on considère l’approche et la notion des deux anciens belligérants du fait
colonial : Alors que la France est foncièrement convaincue que le fait
colonial en général, et en Algérie en particulier a été un événement libérateur,
émancipateur, civilisationnel, l’Algérie en contre partie considère la présence
de la France en Algérie comme une agression, une colonisation qui a causé le
retard a tous les niveaux, l’asservissement, et la misère des populations locales, et de ce fait on
arrive a la conclusion que la divergence des visions insurmontables pour
arriver a un règlement sérieux. Ce constat nous impose la question de savoir si
réellement les pouvoirs publics des deux pays ont un désir et une volonté
politique réel et sincère pour un règlement juste et équitables pour les deux parties sans
exclusions.
Pour
conclure, on est toujours en attente d’une réaction de la part de la partie Algérienne
sur le rapport de Monsieur Stora. Tous les Algériens ne comprennent toujours
pas le silence de Monsieur Chikhi quant au contenu de Monsieur Stora ce qui soulève
pas mal de questions.
On souhaiterait
que cette question soit réglée pour que les relations de l’Algérie avec la France
soit d’égal a égal dans le cadre du respect mutuel en deux nations souveraines.
Salah-Eddine
Chenini